Les militaires belges vont remplacer des… gardiens de prison

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La mesure, annoncée le 8 mai au soir, est pour le moins surprenante. En effet, le gouvernement belge a décidé de réquisitionner 180 militaires (soit 6 pelotons de 30 personnels chacun) pour « fournir un soutien humanitaire » aux détenus de prisons qui, situées en Wallonie et à Bruxelles, sont paralysées depuis deux semaines par une grève des gardiens qui protestent notamment contre la réduction de leurs effectifs.

Cette décision a été prise après le refus des gardiens grévistes d’accepter le protocole d’accord qui leur était proposé par le gouvernement. D’où le recours aux militaires, qui auront donc à effectuer une tâche à mille lieux de leur coeur de métier.

Ainsi, il sera demandé à ces 180 militaires d’assurer des services de base, comme la distribution des repas, la surveillance des sorties et des visites.

« Cette décision est nécessaire parce que les directions, les non-grévistes, la protection civile et la Croix Rouge sont sur le pont sans discontinuité depuis 12 jours dans les circonstances extrêmement difficiles causées par la grève générale », a fait valoir le gouvernement belge. « L’assistance doit précisément permettre d’améliorer la situation des détenus dans les prisons impactées au niveau des droits de base », a-t-il ajouté.

Mais comme l’on pouvait s’y attendre, cet appel aux militaires est fortement critiqué. « Voir l’armée dans les prisons, cela me fait penser aux heures noires de l’Europe de l’Est ou aux heures actuelles d’une certaine Russie ou de la Corée du Nord », a ainsi réagi Marc Dizier, directeur de la prison d’Andenne et président de l’Association des directeurs des prisons francophones.

« Effectivement, nous avons besoin d’aide » car « les détenus ont besoin de sortir de leur cellule pour aller au préau, recevoir des visites familiales », a-t-il admis. Mais, a-t-il ajouté, « je n’imagine pas une seule seconde que ce soient des militaires qui puissent faire le travail. » Et cela d’autant plus que, rappelle M. Dizier, la loi belge prévoit « normalement que ce sont les policiers qui, en l’absence de personnel de surveillance, doivent prendre le relais ».

« À chaque fois qu’un service public ne parvient pas à accomplir ses tâches, on fait appel à l’armée », souligné le secrétaire général du syndicat militaire CGMP, Yves Huwart, pour qui la décision gouvernementale est « étonnante » et curieuse ».

« Ca devient peu à peu une habitude. C’est curieux pour un gouvernement qui, d’une part, réduit les coûts liés à la défense et, d’autre part, fait de plus en plus appel aux militaires comme roue de secours », a-t-il fait valoir.

Pour rappel,  l’armée belge est également mobilisée, pour l’opération « Vigilant Guardian », qui, comme Sentinelle en France, vise à déployer des militaires sur le territoire national (un peu pls de 1.800 hommes engagés) pour face à la menace terroriste et protéger les lieux sensibles.

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