Afghanistan : La bonne récolte du pavot et le retour d’al-Qaïda inquiètent la mission de l’Otan

Si l’on juge une armée par les chaussures que portent ses soldats, alors il y a du souci à se faire pour les forces afghanes…. Bottes trouées, dépareillées, trop grandes ou encore mal adaptée à l’environnement…

Tel est le florilège de ce qu’a vu un reporter du Washington Post à Camp Shaheen, près de Mazar-e-Sharif. Et cela, malgré les dizaines de milliards de dollars alloués par Washington pour équiper les forces de sécurité afghanes depuis 14 ans. L’achat des brodequins ayant été du ressort du gouvernement afghan, la corruption et des mauvais choix en matière d’approvisionnement (notamment auprès de la Chine) ont abouti à cette situation. Et pourtant, les soldats ne devront pas avoir les deux pieds dans la même rangers pour faire face aux défis qui les attendent, en particulier dans le sud du pays.

Pour le moment, l’offensive de printemps lancée récemment par le mouvement taleb afghan (et appelée « Omari ») a baissé d’intensité, notamment dans la province du Helmand, dont il a pris le contrôle de plusieurs districts en 2015. Et pour cause, a expliqué, le 5 mai, le général Charles Cleveland, le porte-parole de la mission Resolute Support, conduite par l’Otan, les insurgés sont actuellement occupés à récolter le pavot.

« Nous avons vu une certaine accalmie dans les combats sur le dernier mois et un peu plus, car nous pensons que beaucoup de talibans sont partis récolter le pavot », a en effet affirmé le général Cleveland. Mais, avec la fin prochaine de la récolte, « nous nous attendons à une hausse des attaques contre l’armée afghane », a-t-il ajouté.

Autre problème : la récolte de pavot, qui sert à produire de l’héroïne et de l’opium, a semble-t-il été bonne cette année. Aussi, « nous sommes préoccupés par cette manne financière potentielle pour les taliban », a expliqué le général Cleveland.

Ces dernières années, il a été estimé que la culture du pavot, qui n’a cessé de se développer depuis 2002 (la surface cultivée est passée de 74.000 à 224.000 hectares, d’après des chiffres avancés en novembre 2014), rapporterait au moins une centaine de millions de dollars au mouvement taleb afghan.

Par ailleurs, un autre sujet de préoccupation soulevé par le général Cleveland concerne al-Qaïda, qui compterait entre 100 et 300 combattants en Afghanistan.

« Par eux-mêmes, nous ne pensons pas qu’ils représentent une menace réelle et importante pour le gouvernement de l’Afghanistan », a indiqué le porte-parole de Resolute Support. Toutefois, a-t-il ajouté, ils peuvent avoir un rôle de « catalyseur » pour les taliban afghans et leur fournir ainsi des « capacités et des compétences » qu’ils n’ont pas.

Et, depuis que le chef d’al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri, a prêté allégeance au mollah Mansour, nommé à la tête du du mouvement taleb afghan après l’annonce officielle du décès de son fondateur, le mollah Omar, le général Cleveland a affirmé qu’il y avait « plus d’interactions » entre les deux groupes.

« Bien qu’ils [les combattants d’al-Qaïda, ndlr] ont été considérablement diminués, ils ont la capacité de se régénérer très rapidement et ils ont encore la possibilité de constituer une menace », a souligné l’officier américain.

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