Irak : Les conseillers militaires occidentaux exposés aux armes chimiques de Daesh?

Au cours de ces derniers mois, il a été rapporté que l’État islamique (EI ou Daesh) a eu recours, à plusieurs reprises, à des armes chimiques, notamment contre les combattants kurdes. En novembre 2015, l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) a confirmé que du gaz moutarde (ou Ypérite) avait été utilisé quelques semaines plus tôt lors de combats ayant eu lieu près de la ville de Marea, située dans la province syrienne d’Alep.

En février dernier, le directeur de la CIA, John Brennan, a affirmé que Daesh avait « déjà utilisé des armes chimiques sur le champ de bataille » et estimé que l’organisation jihadiste avait la « capacité de fabriquer de petites quantités de chlorine et de gaz moutarde. »

Bien avant les déclarations de M. Brennan, le ministère allemand de la Défense avait rapporté, en août 2015, le cas d’emploi de gaz de combat contre des combattants kurdes irakiens (Peshmergas), lors d’une attaque au mortier contre leurs positions.

« Les soldats allemands [envoyés en Irak pour former et conseiller les Peshmergas, ndlr] n’ont pas été touchés ni menacés (…) la protection de nos soldats dans le nord de l’Irak reste au plus haut niveau », avait alors assuré un porte-parole du ministère de la Défense.

Aussi, les autorités kurdes irakiennes ont fait savoir qu’il leur faut plusieurs dizaines de milliers de masques à gaz pour protéger leur 65.000 combattants des attaques chimiques de Daesh, d’autant plus que les jihadistes semblent avoir de plus en plus souvent recours au gaz moutarde.

« L’utilisation des armes chimiques par Daesh nous inquiète beaucoup. Leurs attaques chimiques sont de plus en plus fréquentes et sophistiquées », a ainsi affirmé Bayan Sami Abdul Rahman, la représentante du gouvernement régional du Kurdistan à Washington, dont les propos ont été rapportés par Foreign Policy. Il s’agit d’un « avertissement clair pour montrer qu’ils comptent s’en servir dans les combats pour la libération de Mossoul », a-t-elle estimé.

Lors d’une audition sur les opérations en cours à l’Assemblée nationale (qui a eu lieu le 6 avril mais le compte-rendu vient juste d’être rendu public), le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian a succintement évoqué cette question. Mais les propos qu’il a tenus sont assez ambigus…

« Nous avons désormais la preuve de l’utilisation par Daesh d’armes chimiques contre les populations civiles, contre les forces locales et désormais contre les forces occidentales », a affirmé M. Le Drian.

Jusqu’à présent, et sauf erreur, jamais une attaque chimique ayant visé des militaires occidentaux qui conseillent et entraînent les forces armées irakiennes et kurdes n’a été rapportée à ce jour.

Quoi qu’il en soit, M. Le Drian a ajouté, au sujet des gaz de combat utilisés par Daesh, que « ce sont en effet nos propres forces de formation sur le territoire irakien qui ont pu nous informer de l’emploi de ces armes chimiques. » Et d’ajouter : « Cela peut préfigurer des actions dramatiques. »

Pour rappel, la France compte une centaine de conseillers militaires en Irak, répartis en deux unités principales (les TF Monsabert et Narvik). En outre, deux Détachements d’instruction opérationnelle (DIO) ont été envoyés à Erbil, auprès des Peshmergas (du moins était-ce le cas en 2015).

 

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