Camerone 2016 : La dignité, le courage et la détermination des légionnaires au combat

legion-20160430Cette année, pour la commémoration de la bataille de Camerone, le thème « 40 ans d’opérations extérieures de la Légion étrangère » a été retenu.

Ce 30 avril, lors de la cérémonie militaire organisée à Aubagne, pour symboliser la continuité des engagements passés et actuels, la main du capitaine Danjou sera portée par le général René Grosjean, ancien d’Indochine et ex-chef de corps du 3e Régiment Étranger d’Infanterie (REI). Il sera accompagné par le capitane André Milésie, qui s’est illustré à Kolwezi et au Tchad, ainsi que par le major Pierre Jorand, qui a participé à l’opération Loyada, à Djibouti, et par le sergent-chef Nuno Da Silva Braga, qui sert actuellement au 2e Régiment Étranger de Parachutistes (REP).

« Depuis 40 ans, la Légion étrangère connait un cycle d’opérations extérieures quasi ininterrompu. Cette dernière a su remplir ‘More Majorum’ toutes les missions confiées lors de ce cycle. Elle doit ce succès à la génération d’Indochine et d’Algérie qui a transmis le flambeau aux plus jeunes générations en les formant avec rigueur », explique la Légion.

Et pour mener à bien ces missions, des légionnaires sont particulièrement illustrés. Comme par exemple le sergent Günter Kaltenbock, alors au 2e Régiment Étranger d’Infanterie, alors projeté en Bosnie-Herzégovine en juin 1995. Deux mois plus tard, afin d’affaiblir l’Armée de la République serbe de Bosnie, qui menaçait des zones de sécurité établies par les Nations unies, l’Otan lança une campagne de bombardement.

Le texte de la citation qui lui fut attribuée raconte : Le sergent Kaltenbock « s’est particulièrement distingué du 30 août au 7 septembre. Occupant dans des conditions précaires un observatoire situé au pied du mont Igman, a détecté plusieurs site anti-aériens serbes ayant pris à partie des avions de l’Otan. N’a pas hésité à s’engager pour donner le renseignement. A organisé la riposte et la destruction rapide des pièces adverses. Le 2 septembre, alors qu’une ambulance était prise à partie, s’est exposé pour confirmer le renseignement. En dépit des coups qui tombaient autour de lui, a dirigé la riposte qui détruisit la pièce lourde serbe. »

Pour ces actions d’éclat, le sergent Kaltenbock s’est vu remettre la Croix de la valeur militaire avec étoile de bronze. Pour rappel, 13 légionnaires sont morts pour la France ou en service commandé en ex-Yougoslavie.

Un autre exemple, celui du caporal-chef Mykhaylo Gram, du 2e REP. Déployé en tant que chef d’équipe en Côte d’Ivoire, dans le cadre de l’opération Licorne, entre décembre 2002 et mars 2003, ce légionnaire s’est lui aussi « particulièrement distingué » trois semaines après être arrivé à Duékoué.

Le 29 décembre, un poste de contrôle français établi dans cette localité a été la cible d’une violente attaque de rebelles lourdement armés. C’est ainsi que le caporal-chef Gram a « riposté avec détermination pour provoquer leur arrêt ». « Puis, explique la citation qui lui a été décernée, malgré le redoublement du feu adverse, il a entamé une progression à pied jusqu’à un véhicule neutralisé avant de mettre hors de combat les rebelles embusqués de part et d’autre de l’axe. »

Le texte poursuit : « Un groupe d’assaillants étant localisés sur les hauteurs de sa position, a, à la tête de son équipe, formé une base d’assaut en intensifiant le feu. N’hésitant pas à s’exposer afin de préserver ses hommes, a appuyé l’action d’une section puis est monté à l’assaut d’un adversaire particulièrement résolu et agressif. »

Là, le caporal Gram a été engagé dans un combat rapproché avec les rebelles. Son arme ayant été mise hors service à la suite d’un incident de tir, il n’a pas hésité à ramasser le fusil d’assaut d’un des assaillants « pour mettre hors de combat deux autres qui surgissaient à quelques mètres », ainsi qu’un troisième qui avait tenté de le surprendre. Par la suite, il a commandé la fouille des lieux, ce qui a permis de récupérer l’armement laissé sur place.

Lors de l’opération Licorne, trois légionnaires ont perdu la vie (sergent Frédéric Borissoff et légionnaire Renaud Corbière du 2e REI et l’adjudant Yann Minard du 1er Régiment Étranger de Cavalerie).

Il y aurait maints d’autres exemples pour illustrer les valeurs des légionnaires au combat. D’autant plus que ces derniers ont largement pris leur part dans les opérations menées en Afghanistan ou en Centrafrique.

Mais le cas de l’adjudant-chef Piotr S., du 2e REP, mérite que l’on s’y attarde. Lors de sa participation à l’opération Serval, au Mali, ce sous-officier a multiplié les actions d’éclat. D’abord après avoir été parachuté, avec son régiment, au-dessus de Tombouctou, dans la nuit du 27 au 28 janvier 2013. À la tête d’une équipe commando, il a, par ses choix tactiques, permis la saisie immédiate d’un poste de contrôle d’al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et, peu après, celle d’un camp d’entraînement jihadiste, où un stock impressionnant d’armes et d’explosifs a été saisi avant d’être détruit.

Par la suite, lors de la série des opérations « Panthère », menées dans l’Adrar des Ifoghas, l’adjudant-chef Piotr S. s’est de nouveau illustré en permettant la localisation de trois camps jihadistes. Mais il ne s’est évidemment pas arrêté là. Le 19 février, ses hommes et lui ont été violemment pris à partie à partir de « positions fermement tenues par des jihadistes déterminés et supérieurs en nombre ».

L’adjudjant-chef Piotr S. a alors dirigé un tir de riposte afin de pouvoir mettre les légionnaires à couvert. La suite est racontée par le texte de la citation à l’ordre du corps d’armée qui lui a été décernée : « Puis, en montant à l’assaut des positions adverses, en fixant l’adversaire dans un combat de rencontre à moins de trente mètres et en guidant les tirs des chars AMX-10 RC, (il) a contribué à relancer l’action (et) a ainsi favorisé la neutralisation de plusieurs combattants adverses qui tentaient de renforcer leur dispositif. »

Quelques jours plus tard, l’adjudjant-chef Piotr S. a pris de nouveau part à de violents accrochages contre les jihadistes ayant abouti à la « destruction » de ces derniers « par le feu ». Le 3 mars, il a conduit l’assaut contre une position ennemie particulièrement bien défendue. À cette occasion, dit le texte de la citation, il a « neutralisé un jihadiste à l’arme de poing ainsi qu’une mitrailleuse qui couvrait l’ensemble de l’oued ».

Enfin, le 11 avril, le sous-officier a participé à un raid héliporté dans la région de Tin Essako, alors toujours tenue par les jihadistes, pour y récupérer du matériel sensible et détruire les restes d’un drone américain qui était également recherché par les terroristes.

L’on pourrait évoquer d’autres faits d’armes du même acabit, qui méritent d’être connus par le grand nombre. Mais ces trois exemples illustrent les valeurs qui font la réputation de la Légion étrangère (qui a reçu 8.000 candidats à l’engagement en 2015). À l’évidence, souligne le dossier de presse qu’elle a diffusé à l’occasion de la commémoration de la bataille de Camerone, les légionnaires « se comportent face à l’ennemi avec dignité, courage et détermination. » Difficile de prétendre le contraire!

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]