Les États-Unis manquent d’informations fiables sur les capacités opérationnelles des forces afghanes

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Depuis 2002, les États-Unis ont dépensé 68 milliards de dollars pour équiper, soutenir former et entraîner les 352.000 membres de l’armée nationale afghane (ANA) et de la police nationale afghane.

Depuis le 1er janvier 2015, avec la fin de la mission de combat de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), ces forces sont en première ligne face à l’insurrection menée non seulement par les taliban mais aussi par d’autres groupes jihadistes. Toutefois, elles bénéficient encore du soutien de la mission Resolute Support de l’Otan.

Et le moins que l’on puisse dire est que la tâche des forces afghanes est compliquée. Subissant de lourdes pertes (il y aurait eu, en 2015, 6.637 soldats et policiers tués et 12.471 blessés), elles ont été mises en difficultés dans la province de Kunduz, dans le nord de l’Afghanistan étant donné qu’elles n’ont pu rétablir une situation bien compromise qu’avec l’appui de l’aviation et des forces spéciales américaines.

Dans le sud du pays, en particulier dans la province du Helmand, les forces afghanes sont aussi à la peine. D’ailleurs, elles ont dû céder du terrain au taliban pour mieux se concentrer sur les zones urbaines.

Aussi, pour John Sopko, l’inspecteur général du service américain chargé de surveiller les efforts pour la reconstruction de l’Afghanistan (SIGAR), il est indéniable que les conditions de sécurité se sont dégradées en 2015 et que cette tendance risque encore de s’accentuer cette année.

Dans le rapport qu’il vient de remettre au Congrès [.pdf], John Sopko, qui n’est pas connu pour manier la langue de bois, estime la réduction des effectifs militaires américains en Afghanistan a affecté l’entraînement des forces afghanes. Qui plus est, et c’est une autre conséquence de ce retrait partiel, le Pentagone n’est plus en mesure de connaître les capacités opérationnelles réelles de ces dernières.

« Puisqu’elle dispose de moins de troupes sur place, l’armée américaine a perdu une bonne partie de sa capacité à observer directement, fournir des conseils tactiques et collecter des informations fiables sur les capacités et l’efficacité » des forces afghanes, a en effet écrit John Sopko.

Pire : il est même impossible de savoir « combien il y a de soldats et de policiers afghans, combien peuvent servir ou, partant de là, quelles sont leurs capacités opérationnelle réelles. » Et pour John Sopko, cela est « inquiétant ».

En outre, le SIGAR a relevé que des sommes allouées aux forces afghanes par Washington ont été gaspillées, soit pour des initiatives qui se sont révélées inefficaces, soit pour des activités qui « n’ont donné aucun avantage apparent ».

Pour le moment, le contingent américain déployé en Afghanistan compte 9.800 soldats. Mais, début 2017, ses effectifs devraient être réduits à 5.500 personnels. Cependant, face aux difficultés rencontrés par les forces afghanes, l’administration Obama a annoncé, en octobre 2015, qu’elle allait ralentir le rythme du désengagement de ses troupes.

 

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