La France et le Nigéria renforcent leur coopération militaire
Le Nigéria a au moins deux problèmes sécuritaires importants : l’activité du groupe jihadiste Boko Haram, présent dans la zone du Lac Tchac, et la piraterie maritime au large de ses côtes. Pour y faire face, ce pays pourra compter sur l’appui la France, une feuille de route sur une coopération militaire accrue ayant été signée le 28 avril à l’occasion d’un déplacement à Abuja de Jean-Yves Le Drian, le ministre français de la Défense
« Il y a deux préoccupations majeures dans les engagements que nous avons pris : il s’agit d’abord d’un combat commun contre le terrorisme et singulièrement contre Boko Haram », a en effet déclaré M. Le Drian. « Le deuxième sujet déterminant dans notre coopération, c’est la lutte contre l’insécurité maritime » dans le golfe de Guinée, a-t-il ajouté.
La coopération militaire entre la France et le Nigéria porte essentiellement sur le renseignement, les forces françaises, grâce à leurs moyens satellitaires et aux vols effectués par les Rafale de l’opération Barkhane dans la région du Lac Tchad, ayant fourni à leurs homologues nigérianes au moins 2.000 « dossiers images ». En outre, des analystes nigérians ont été formés à l’interprétation d’images par la Direction du renseignement militaire (DRM).
En outre, grâce à une cellule de coordination et de liaison a été adossée à l’état-major de l’opération Barkhane, les forces françaises facilitent le dialogue entre les pays impliqués dans la lutte contre Boko Haram.
« La France a une grande influence sur tous les pays » francophones de la région, a souligné Mansour Dan Ali, l’homologue nigérian de M. Le Drian. Or, le Nigéria, anglophone, entend justement coopérer davantage avec ces derniers.
Quoi qu’il en soit, les deux ministres ont donc signé une lettre d’intention fixant les grandes lignes de cette coopération militaire renforcée. Un document de « coopération opérationnelle » a également été établi, avec 28 actions à mener d’ici la fin de cette année. Le volet formation, relativement important, concernera la lutte contre les engins explosifs improvisés (IED) ou encore le sauvetage au combat. Des exercices multinationaux sont également au programme.
Enfin, la France aidera le Nigéria à acquérir des équipements militaires. « On va les aider à identifier leurs besoins et les procédures d’acquisition », a expliqué, à l’AFP, une source française. Les forces nigérianes ont souvent eu des problèmes pour se procurer du matériel, notamment en raison de sa mauvaise réputation en matière de respect des droits de l’homme et de problèmes de corruption.
Photo : M. Le Drian en compagnie de Muhammadu Buhari, le président Nigérian, en septembre 2015 (c) Ministère de la Défense
