Yémen : Les jihadistes d’al-Qaïda chassés de la ville portuaire de Moukalla
En avril 2015, Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA) s’emparait de la ville portuaire de Moukalla, située dans le sud-est du Yémen et chef-lieu de la province du Hadramout . Assurément, c’était un gros coup, notamment au niveau financier, les taxes prélevées sur l’activité portuaire pouvant atteindre les 2 millions de dollars par jour. Qui plus est, les jihadistes purent récupérer l’armement lourd laissé par l’armée yéménite.
Jusqu’à présent, la coalition qui, dirigée par l’Arabie Saoudite, conduit des opérations au Yémen depuis mars 2015, ne s’était guère préoccupée à l’expansion d’AQPA dans le sud du pays, sa priorité étant de combattre les rebelles Houthis, alliés aux partisans de l’ex-président Saleh et soutenus par l’Iran, afin de soutenir Abd Rabbo Mansour Hadi, le chef d’État yéménite. À l’exception, toutefois, de l’un de ses membres, à savoir les Émirats arabes unis.
Ainsi, le 24 avril, une opération visant à permettre à l’armée yéménite de reprendre le contrôle de Moukalla a été lancée, avec le concours actif des forces spéciales et de l’aviation émiraties. Selon le quotidien Le Monde, des chars Leclerc ont été engagés dans l’offensive, ainsi que des pièces d’artillerie.
Cette opération été précédée de plusieurs contacts entre les autorités émiraties et américaines, Washington ayant probablement fourni un appui en matière de renseignement. Mais surtout, elle a profité d’un « alignement des planètes » étant donné qu’elle a été lancée alors qu’un cessez-le-feu entre forces loyalistes et rebelles houthis a été instauré le 10 avril et que des négociations de paix doivent se tenir prochainement au Koweït, sous l’égide des Nations unies. Enfin, le déplacement du président Obama en Arabie Saoudite, la semaine passée, a sans doute joué.
Quoi qu’il en soit, cette opération appuyée par les Émirats arabes unis a été un succès. Seulement, il est à relativiser car les combattants d’AQPA n’ont pas cherché la confrontation directe étant donné qu’ils ont évacué, en bon ordre, après des raids aériens ayant visé l’aéroport, une centrale électrique et plusieurs bâtiments de la ville. En clair, leur potentiel est resté quasiment intact (à ce sujet, le bilan donné par la coalition arabe de 800 jihadistes tués est à prendre avec précaution, les combats ayant fait, tout au plus, une vingtaine de tués).
« Nous sommes entrés dans le centre et nous n’avons rencontré aucune résistance de la part des jihadistes qui se sont repliés à l’ouest », en direction du désert, a en effet expliqué, à l’AFP, un responsable militaire yéménite.
Dans la foulée, les forces yéménites ont aussi repris l’aéroport d’al-Ryane, un camp militaire jusqu’alors utilisé par AQPA ainsi que le terminal pétrolier de Mina al-Dhaba.
Reste maintenant à voir si les autorités yéménites seront en mesure d’assurer la sécurité dans Moukalla. En ont-elles seulement les moyens? Rien n’est moins sûr.
