Un nouveau schéma d’intervention pour les forces de police et de gendarmerie en cas d’attentat

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Lors des attentats de Paris et de Saint-Denis, le 13 novembre 2015, le premier groupe d’alerte du Groupe d’intervention de la Gendarmerie nationale (GIGN) avait quitté Satory pour prendre position dans la caserne des Célestins, afin de pouvoir appuyer, le cas échéant, les unités anti-commandos de la Brigade de recherches et d’intervention (BRI) et du Raid (Recherche Assistance Intervention et Dissuasion), alors en action au Bataclan. Finalement, l’ordre d’intervenir ne fut pas donné.

Cinq jours plus tard, l’intervention du RAID contre un appartement dans lequel s’étaient retranchés Abdelhamid Abaaoud – l’un des instigateurs des attaques – et ses complices, prêta le flanc aux critiques.

Critiques qui furent dénoncées par la Fédération autonome des syndicats du ministère de l’Intérieur (Fasmi) affiliée à l’Unsa et le Syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN). Et ces organisations syndicales allèrent jusqu’à accuser les gendarmes de relayer des « sous-entendus fielleux » et de se livrer à des « manoeuvres de déstabilisation » afin de faire le jeu « d’un acteur mineur du champ de la sécurité », à savoir « la gendarmerie nationale ». Ambiance…

Évidemment, ce parfum de guerre « police/gendarmerie » ne fut pas du tout du goût de Bernard Cazeneuve, le ministre de l’intérieur.

Pourquoi le Raid a-t-il donné l’assaut contre l’appartement d’Abaooud à Saint-Denis (mais aussi à Toulouse, lors de l’affaire Merah) et pas le GIGN? Tout simplement parce que la police intervient en milieu urbain tandis que les zones rurales et péri-urbaines relèvent de la gendarmerie.

Mais cela ne sera plus le cas à l’avenir, du moins en cas d’attaque terroriste, d’après le nouveau « schéma d’intervention » présenté ce 19 avril par M. Cazeneuve, qui ne veut plus entendre parler de quelconques rivalités entre les forces d’intervention.

« L’heure n’est pas à la concurrence des forces, mais a l’unité », a en effet lancé le ministre de l’Intérieur. « Face à des ennemis déterminés à nous frapper en provoquant le plus de dommages possibles, sans volonté de négocier et dont la propre mort fait partie de la philosophie, de la stratégie, nous avons besoin de forces performantes (…) qui travaillent les unes avec les autres et qui poursuivent les mêmes objectifs », a-t-il expliqué.

En cas d’attentat de masse, la « primo-intervention » relève des premiers policiers et gendarmes sur les lieux, à savoir les brigades anticriminalité (BAC) et les Pelotons de surveillance et d’intervention de la gendarmerie (Psig). Ces unités ont d’ailleurs récemment reçu de nouveaux équipements afin de mener à bien ce type de mission.

« En cas de tuerie de masse, c’est durant les premières minutes que les terroristes font le plus grand nombre de victimes. Nous devons donc réagir le plus rapidement possible, comme nous devons constamment anticiper l’éventualité d’une telle attaque », a souligné M. Cazeneuve, en évoquant la « guerre du temps qu’implique désormais toute riposte antiterroriste. »

Aussi, « en cas d’attentat, il est impératif que les antennes du GIGN et du RAID puissent intervenir sans délais là où elles sont présentes, sans être entravées par des procédures complexes », a fait valoir le ministre. En clair, les zones de compétences attribuées à la police et à la gendarmerie n’auront plus lieu d’être en cas de crise.

« Une BAC de la Police nationale pourra assurer la primo-intervention en zone de compétence de la Gendarmerie parce qu’elle est alors à proximité du lieu de l’attentat au moment de sa mission, tandis qu’une antenne du GIGN pourra intervenir en zone de compétence de la Police nationale dans la mesure où elle est alors immédiatement disponible et la mieux dimensionnée pour neutraliser un commando terroriste », a pris comme exemple M. Cazeneuve.

En outre, le ministre a confirmé la création de 4 nouvelles antennes régionales du GIGN (Nantes, Tours, Reims et Mayotte) qui viendront s’ajouter aux 3 qui existent déjà (Dijon, Orange et Toulouse).

Même chose pour le RAID, qui disposera également d’une antenne à Toulouse, mais aussi à Montpellier et à Nancy. L’unité d’élite de la police est déjà présente à Bordeaux, Lille, Lyon, Marseille, Nice, Rennes et Strasbourg.

Quant à la BRI, elle verra ses effectifs doubler (elle compte actuellement un peu plus de 100 policiers).

« L’ensemble des agglomérations et territoires les plus sensibles sera ainsi couvert à bref délai », fait valoir le ministère de l’Intérieur.

Par ailleurs, ce nouveau schéma d’intervention prend en compte les capacités spécifiques de chaque unité d’élite. Chaque compétence devra ainsi être mise en « complémentarité » en fonction de la situation.

Enfin, le commandement sera unique mais « adaptable » en fonction de la situation. « C’est la règle des six C : cohérence dans la répartition des unités, coopération, commandement unique, coordination, compétences territoriales gelées, capacités rares mises en partage », a expliqué, à l’AFP, un responsable de l’Unité de coordination des forces d’intervention (Ucofi).

GIGN, RAID et BRI ne tarderont pas à illustrer les « avancées » de ce schéma d’intervention revu et corrigé : ces unités doivent en effet participer, ce 19 avril, à un exercice ayant pour scénario une attaque terroriste multisite à la gare Montparnasse à Paris.

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