Pour la Pologne, la Russie est plus menaçante que l’État islamique

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Que ce soit au sein de l’Otan ou de l’Union européenne, les États membres ne partagent pas tous les mêmes priorités en matière  de défense. Une nouvelle preuve en a été donnée par Witold Waszczykowski, le ministre polonais des Affaires étrangères, lors de la conférence annuelle sur la sécurité « Globsec », organisée le 15 avril à Bratislava (Slovaquie).

« De toute évidence, l’activité de la Russie est une sorte de menace existentielle parce que cette activité peut détruire des pays », a en effet affirmé M. Waszczykowski. « Nous avons aussi des menaces non existentielles comme le terrorisme, comme les grandes vagues de migrants », a-t-il estimé.

Ainsi, pour le chef de la diplomatie polonaise, si l’État islamique (EI ou Daesh) est une « menace très sérieuse », il ne représente pas pour autant une « menace existentielle pour l’Europe ».

D’où l’insistance de Varsovie de voir l’Otan renforcer sa présence en Europe de l’Est. « Ce serait un symbole de la détermination à défendre le flanc oriental. Nous pouvons discuter de l’échelle » de ce déploiement, a encore fait valoir M. Waszczykowski.

Ce point de vue est a priori partagé par Martin Stropnicky, le ministre tchèque des Affaires étrangères. « Le renforcement de la capacité défensive collective sera le point principal du programme » du prochain sommet de l’Alliance atlantique [qui se tiendra à Varsovie, ndlr], a-t-il dit, avant de noter que la Baltique est « devenue apparemment un foyer de tension », avec des pays de l’Otan confrontés « à une pression russe accrue ».

Les propos de ces deux ministres rejoignent en partie ceux tenus par le général Joseph Dunford, le chef d’état-major interarmées américain. Lors des auditions au Congrès afin de confirmer sa nomination aux fonctions qu’il occupe actuellement, il avait estimé, en citant le cas de l’Ukraine, que la Russie présentait « la plus grace menace à court terme pour la stabilité du monde entier » en raison du comportement « alarmant » et des actions « imprévisibles et agressives » de cette puissance nucléaire.

Quoi qu’il en soit, et sans minimiser le retour de la menace dite « de la force » incarnée par la Russie après l’annexion de la Crimée, le ministre français de la Défense avait mis en garde contre le risque « de participer et de nourrir une vision divergente de nos intérêts de sécurité, entre Européen. »

« Nous devons à cet égard éviter une ‘régionalisation’ des politiques de sécurité. Tandis que certains Alliés ont le regard tourné vers l’Est, d’autres se concentrent au Sud, où l’instabilité et le terrorisme ne cessent de croître. C’est compréhensible. Mais dans cet environnement stratégique incertain et changeant, il est essentiel d’encourager une posture flexible, adaptée à toutes les menaces, quelle qu’en soit l’origine et quelle que soit leur nature », avait expliqué le ministre, lors de la Leçon inaugurale de la Chaire « Grands enjeux stratégiques » à la Sorbonne.

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