La qualité du recrutement des militaires du rang reste un point de vigilance pour les armées

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Le 6 avril, le président Hollande a confirmé l’engagement qu’il avait pris devant les parlementaires réunis en Congrès, au lendemain des attentats de Paris et de Saint-Denis, à savoir des déflations d’effectifs au sein du ministère de la Défense pour la période 2017-2019. Au total, les armées auront un gain net de 800 postes.

Pour autant, la « manoeuvre RH » du ministère va se poursuivre, en insistant notamment sur le « dépyramidage infra-catégoriel », qui concerne essentiellement les colonels et les lieutenants-colonels.

« Cet effort vise à respecter nos objectifs de maîtrise de la masse salariale » et aussi « à permettre le recrutement de jeunes officiers sous contrat, nécessaires en particulier pour l’encadrement de contact de la force opérationnelle terrestre (FOT) comme pour les nouvelles missions de défense », comme l’a expliqué Anne-Sophie Avé, la directrice des ressources humaines du ministère de la Défense (DRH-MD), lors d’un audition à l’Assemblée nationale.

Cet effort sur les officiers supérieurs vise à « ce que l’on appelle de façon peu élégante des ‘stocks’ de personnels qui ne progresseront plus en grade : à l’évidence, on ne créera pas autant de généraux que nous avons de colonels », a précisé Mme Avé. « Il vaut donc mieux qu’on aide le plus tôt possible les personnels concernés à valoriser leurs compétences », a-t-elle ajouté.

Cela étant, la fin annoncée des suppressions de postes au sein du ministère de la Défense suppose évidemment un recrutement massif. Et là, la manoeuvre est compliquée.

« Au plan quantitatif car, sur la période 2017-2019, il nous faut augmenter les effectifs de près de 6 800 militaires du rang et sous-officiers de plus que ce qui était prévu par la LPM [Loi de programmation militaire, ndlr], pour assurer les missions opérationnelles et leur soutien. Ce sont aussi plus de 700 officiers et 400 civils de catégorie A de plus que prévu qui seront nécessaires au bon fonctionnement de services spécialisés et des unités de haute technologie dans le domaine de l’armement, de la cyberdéfense, du renseignement, de la conception des opérations terrestres, navales ou aériennes », a résumé Anne-Sophie Avé.

Recruter beaucoup est une chose… S’assurer d’un recrutement de qualité en est une autre. S’agissant des officiers et des sous-officiers, cela ne pose pas de problème particulier, tant leur processus de sélection « est rigoureux, que ce soit au regard de leur niveau de recrutement dans les écoles ou à la suite de la sélection exigeante dont ils font l’objet, au titre de leurs états de service, des formations qu’ils suivent ou de la validation de leurs acquis de l’expérience », a souligné Mme Avé.

En revanche, pour les militaires du rang, qui sont les plus recrutés, « il faut rester vigilant », a prévenu la DRH-MD.

« Rester vigilant, d’abord, parce que les restrictions du statut militaire peuvent apparaître contraignantes au regard des attentes des jeunes générations et des évolutions de la société. Rester vigilant, ensuite, parce qu’être militaire du rang aujourd’hui, c’est faire preuve d’une totale disponibilité, d’un engagement qui ne permet pas toujours un équilibre entre vie privée et vie professionnelle tel que cette génération s’estime en droit de l’attendre, et ce malgré les efforts que nous faisons », a expliqué Anne-Sophie Avé.

En clair, il faut être en mesure de garder au sein de l’institution de jeunes gens recrutés en tant que militaire du rang. Or, les contingences du métier militaire, éloignées de celles du monde civils, risquent de susciter des déceptions et, in fine, des ruptures de contrat. Et tout est à refaire par la suite… Pour éviter d’en arriver là

« Le taux de sélection d’environ deux dossiers ‘utiles’ pour un recrutement est un seuil en deçà duquel il ne faut pas descendre, même si ce taux est très variable selon les armées et selon les armes », a par ailleurs souligé la DRH-MD.

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