Après les attentats de Bruxelles, les jours de repos des soldats de l’opération Sentinelle passent à l’as

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Quelques heures après les attentats commis à Bruxelles par l’État islamique (EI ou Daesh), le ministre français de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, estimant le niveau de menace « extrêmement élevé », a annoncé une nouvelle série de mesures pour renforcer les dispositifs de sécurité, en particulier dans le secteur des transports.

Ainsi, 1.600 policiers et gendarmes ont été déployés pour contrôler non seulements les frontières mais aussi les infrastructures de transports, 400 ont été affectés dans les aéroports de Roissy et d’Orly, dans les gares d’Île-de-France. Et, il a été demandé aux militaires engagés dans l’opération intérieure Sentinelle de réorienter des patrouilles vers les lieux les plus à risque.

Conséquence : l’armée de Terre, nous apprend le journal « Le Monde », a été contrainte de supprimer le jour de repos des soldats de l’opération Sentinelle. « C’est à ce prix, note le quotidien, qu’ils « peuvent, depuis deux jours, couvrir davantage de sites sensibles, notamment les infrastructures de transport. »

L’emploi du temps des soldats engagés dans l’opération Sentinelle est organisé selon un cycle de trois jours : deux pour assurer les patrouilles (et les gardes statiques) et un pour l’entretien du matériel, le repos et le sport. Qu’en sera-t-il quand se tiendra, en juin, l’Euro 2016 de football, avec des rassemblements à surveiller et à protéger?

Quoi qu’il en soit, la suppression de ce jour de repos ne fera évidemment pas taire les critiques au sujet de l’opération Sentinelle, qui n’a pas forcément bonne presse auprès des militaires eux-mêmes.

Ce 24 mars, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a expliqué que l’opération Sentinelle sert à « dissuader », « rassurer », « protéger » et « intervenir » le cas échéant. Seulement, cela se fait au prix de la préparation opérationnelle des unités appelées à être déployées sur un théâtre extérieur, le nombre de jours dédiés à cette fin étant tombé à 63, en moyenne, en 2015, alors que le minimum requis est de 90. Cette situation devrait toutefois s’améliorer avec les recrutements effectués l’an passé et cette année… à condition d’être patient.

Pour le général (2S) Vincent Desportes, auteur de « La dernière bataille de France: Lettre aux Français qui croient encore être défendus » (Gallimard), l’opération Sentinelle est « clairement un échec » et une « gabegie ».

« Un échec, a-t-il expliqué dans le dernier numéro de DSI, parce que le dispositif a été aisément contourné par notre ennemi » le 13 novembre à Paris et qu’il « le sera encore tout aisément à l’avenir ». Et d’ajouter : « Vous pouvez placer un soldat devant tous les lieux présentant un risque – et vous n’en aurez jamais assez! » – mais vous n’empêcherez pas l’ennemi d’aller trouver ailleurs une nouvelle cible molle et à haut rendement médiatique. »

« Quant à la gabegie, a-t-il continué, elle est manifeste » car voir des « soldats à la formation compliquée et onéreuse scotchés au sol comme des vigiles, c’est une dilapidation de l’argent public, d’autant plus que cette formation s’évapore au fil des rotations ‘Sentinelle' », qui « érodent des capacités opérationnelles qui seraient bien plus utiles sur les champs de guerre extérieurs », où, « par manque de moyens et d’effectifs, nous y poursuivons en vain des victoires stratégiques qui, au-delà des batailles que nous savons encore gagner, nous échappent de plus en plus ».

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