Selon M. Valls, le nombre de jihadistes partis de France pour rejoindre la Syrie et l’Irak est en forte hausse

valls-20150121Le Premier ministre, Manuel Valls, a corrigé le tir. Le 25 novembre dernier, à l’Assemblée nationale, il avait affirmé, à propos des attentats de Paris et de Saint-Denis, que chercher à  expliquer de tels actes, c’était « déjà vouloir un peu excuser ». Ce qui lui valut de nombreuses critiques. Comprendre l’ennemi, n’est-ce pas déjà commencer à le vaincre?

Quatre mois plus tard, le chef du gouvernement est donc revenu sur ses propos, ce 21 mars, devant « l’instance de dialogue avec l’islam de France », au ministère de l’Intérieur. S’il a de nouveau expliqué qu’il fallait « d’abord et surtout combattre cette hyper-violence », M. Valls a admis que, comme il s’agit d’un « phénomène complexe et protéiforme », les « sciences sociales ont bien sûr un rôle à jouer pour comprendre, analyser, décortiquer les mécanismes qui font que des individus basculent dans cette forme d’hyperviolence, de négation de l’autre, de nihilisme ».

Ces propos viennent alors que le général Jean-Pierre Bosser, le chef d’état-major de l’armée de Terre (CEMAT) a estimé, dans une tribune publiée par Le Figaro, que pour vaincre contre Daesh (État islamique ou EI), il fallait gagner la bataille du « champ des esprits », c’est à dire proposer une alternative au discours jihadiste en s’appuyant sur « le socle d’un véritable projet de société qui permettrait à la Nation de se consolider et à la jeunesse de s’identifier et de canaliser ses énergies de façon vertueuse. »

Et il y a urgence car le nombre de ressortissants et de résidents français ayant rejoint les rangs de Daesh en Irak et en Syrie est en constante augmentation. Au point que l’on peut s’interroger sur ce qu’aurait été la situation si des dispositions législatives n’avaient pas été prises en 2014 pour enrayer ce phénomène.

Ainsi, en février 2015, le Premier ministre avait donné le chiffre de 1.400 français (résidents en France) « en relation avec des filières jihadistes », dont 410 présents en Syrie et en Irak. Et de préciser que 80 y avaient été tués.

Un an plus tard, lors d’un discours prononcé le 20 mars lors de la Fête de la Rose, à Wattrelos, M. Valls a indiqué que 609 français (ou résidents en France) ont rejoint les rangs jihadistes au Levant. Soit une hausse de plus de 48%.

« Il y a des femmes nombreuses, 283, et 18 mineurs parmi les combattants (…) 168 Français ou résidents en France sont morts là-bas dans ces actes terroristes ou de guerre », a affirmé M. Valls, qui a précisé que « près de 300 personnes sont revenues » et qu’environ 800 autres « souhaiteraient aujourd’hui, selon le travail de nos services, rejoindre ces zones de guerre. »

Mécaniquement, le nombre de personnes en relation avec les filières jihadistes a donc grimpé, passant de 1.400 à 2.029 (+45%). Selon le Premier ministre, les services de renseignement « localisent et interceptent » des individus « chaque jour ». « Près de 1.000 personnes sont suivies par les services judiciaires, 338 ont été interpellées », a-t-il dit.

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