Verdun 1916-2016 – L’Escadrille La Fayette est créée

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Quand éclata la Première Guerre Mondiale, de nombreux étrangers résidant en France se portèrent volontaires pour prendre les armes et s’engager dans les forces françaises. Un appel fut même lancé à cette fin par l’écrivain suisse Blaise Cendrars (qui perdra un bras lors de la grande offensive en Champagne) et son homologue italien Ricciotto Canudo.

C’est ainsi que de nombreux ressortissants étrangers s’enrôleront dans la Légion étrangère, seule formation qui pouvaient leur permettre de combattre sous les couleurs françaises.

Pour les Américains, c’était même l’unique solution : leur pays observant alors une stricte neutralité dans le conflit, ils risquaient de perdre leur citoyenneté américaine s’ils prenaient parti. Cette difficulté ne pouvait être contournée qu’en rejoingnant la Légion étrangère, étant donné qu’ils ne faisaient pas allégeance à une puissance étrangère mais à un corps d’armée.

En 1915, le légionnaire William Thaw, qui, originaire de Pittsburgh, était pilote d’avion avant la guerre, eut l’idée de former une escadrille rassemblant des volontaires américains. Une ambition partagée par le Dr Edmund L. Gros, alors directeur médical de l’Americain Field Service (AFC) et de Norman Prince, le fils d’un industriel prospère ayant des intérêts en France. Séparément, les deux hommes tentèrent alors de persuader les autorités françaises de l’intérêt d’une telle unité.

Un homme joua un rôle déterminant : M. Jarousse de Sillac, alors sous-secrétaire du ministre français des Affaires étrangères. Le problème était qu’une telle escadrille était de nature à causer des ennuis diplomatiques étant donné la neutralité affichée par Washington à cette époque. Mais, finalement, les réticences furent vaincues et le ministère de la Guerre donna son feu vert. En juillet 1915, le général Hirschauer, le patron de l’Aviation militaire française, donna les ordres nécessaires pour la formation de « l’Escadrille américaine ».

Pour autant, tout n’était pas encore réglé. Et il fallut attendre le 21 mars 1916 pour voir cette escadrille américaine (ou escadrille N-124) officiellement entrer dans l’ordre de bataille de l’aviation française. À ces débuts, cette unité comptait alors 7 pilotes américains, dont William Thaw et Norman Prince, placés sous les ordres du capitaine français Georges Thenault, assisté par le lieutenant Alfred de Laage de Meux.

Dotée d’avions Nieuport XI, l’escadrille fut affectée, en avril, à Luxeuil-les-Bains, où sa mission était d’assurer la protection des bombardiers français et britanniques. Un mois plus tard, elle obtint sa première victoire aérienne homologuée grâce au sergent Kiffin Rockwell.

Puis, l’escadrille fut envoyée à Bar-le-Duc, pour prendre part à la bataille de Verdun, au cours de laquelle elle remporta 13 victoires homologuées en 146 combats… Mais au prix de pertes dans ses rangs : en juin 1916, Victor Chapman sera le premier pilote américain à être abattu. Il sera suivi par Kiffin Rockwell, en septembre de la même année.

Par la suite, la N-124 reprit ses missions d’escortes au profit des bombardiers et fut engagée dans la bataille de la Somme, après avoir troqué ses Nieuport XI par des Nieuport XVII et des Spad VI. En décembre, devant les protestations allemandes sur la dénomination de cette escadrille (les États-Unis étant toujours officiellement neutres), il fut subtilement décidé de lui donner le nom de La Fayette. Son insigne – une tête de Sioux – fut également adopté.

Lorsque, en 1917, Washington se décida enfin à s’engager dans la guerre aux côtés des Français et des Britanniques, l’escadrille La Fayette fut intégrée à l’aviation américaine sous l’appellation de « 103e Aero Squadron » et placée sous le commandement de William Thaw.

À l’armistice du 11 novembre 1918, qui annonça sa dissolution, l’escadrille comptait 199 victoires dont 57 homologuées. Dans ce total, 17 revinrent à l’As Raoul Lufbery, né d’un père américain et d’une mère française.

Les traditions de cette unité furent reprises par la suite. De nos jours, l’Escadron de Chasse 2/4 La Fayette, des Forces aériennes stratégiques, en est l’héritier.

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