Une patrouille de l’opération Sentinelle impliquée dans un incident à Strasbourg

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À force, un tel incident devait arriver. Depuis le lancement de l’opération intérieure Sentinelle, il a été fait état, à plusieurs reprises, d’interventions de militaires pour interpeller des agresseurs et/ou des délinquants pris sur le fait. Généralement, cela se passe bien : les individus suspects, une fois maîtrisés, sont remis aux policiers.

Mais, le 11 mars, à la gare centrale de Strasbourg, il y a eu un os. Ainsi, nous apprend le quotidien « Les Dernières Nouvelles d’Alsace« , un homme âgé de 19 ans, suspecté d’avoir commis un vol à l’étalage dans la galerie marchande, a été cerné par trois militaires d’une patrouille Sentinelle.

Une situation désormais classique… Sauf que, alors que les militaires attendaient l’arrivée de la police, l’individu a cherché à s’asseoir sur une rembarde surplombant le premier étage de la galerie marchande de la gare… avant de basculer dans le vide et de chuter d’une hauteur de plus de 8 mètres. Gravement blessé, il a été pris en charge par les pompiers.

D’après la police, les images prises par les caméras de surveillance montrent que le suspect était calme face aux militaires et que, point important, ces derniers ne l’ont touché à aucun moment. Une enquête a évidemment été ouverte.

Mais ce genre d’incident, où des soldats interpellent un individu suspect d’avoir commis un vol ou un agression avant de le remettre à la police, illustre les doutes exprimés ici ou là sur l’utilité de mobiliser des moyens militaires dans le cadre d’une opération comme Sentinelle. Certains députés ne se sont pas privés de le dire au ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, lors d’une récente audition.

« L’armée ne devrait être mobilisée sur le territoire national qu’en cas de nécessité impérieuse; elle ne doit pas devenir un moyen de confort pour la police et la gendarmerie au prétexte que les militaires coûtent moins cher que les CRS ou les gendarmes », a ainsi lancé le député Yves Fromion. « Nos soldats sont employés à mauvais escient lorsque leur mission consiste à assister les forces de police et de gendarmerie », a enchéri son collègue Claude de Ganay.

« Il faut affirmer une doctrine et se montrer vigilant quant aux tâches que l’on peut ou non confier aux forces armées », leur a répondu M. Le Drian. « L’armée doit se cantonner aux opérations militaires. Il ne faut pas accepter la moindre faille par rapport à ce principe, sous peine de voir la conception même de nos forces armées mise en cause. Je serai donc implacable », a-t-il ajouté.

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