Des renseignements sur 22.000 recrues de Daesh tombés du ciel

ei-20160310À en croire Sky News, ce serait une mine d’or pour les services de renseignement. En effet, des fichiers concernant pas moins de 22.000 recrues étrangères de l’État islamique (EI ou Daesh) et copiés sur une clé USB sont, à première vue, une aubaine. Et c’est justement ce qu’a pu obtenir cette chaîne de télévision britannique, par l’intermédiaire d’un membre repenti de l’organisation jihadiste.

Ce dernier, qui se fait appeler « Abu Hamed », est un ancien de l’Armée syrienne libre (ASL) ayant en effet rejoint les rangs de Daesh. Mais « cette organisation est une escroquerie, ce n’est pas l’islam », a-t-il confié à Skynews.

Avant de partir de Raqqa, il a donc pris la peine de copier ces fichiers confidentiels contenant des informations potentiellement intéressantes sur les recrues de l’EI. Puis il les a transmis à un journaliste de la chaîne britannique lors d’une rencontre en Turquie, dans un endroit tenu secret.

« Ces informations doivent évidemment être utilisées. Elles appartiennent à ceux qui combattent l’Etat islamique », a dit ce repenti.

La clé USB transmise par « Abu Hamed » contient 22.000 fiches compilant des informations personnelles concernant les recrues de Daesh : identité, adresse, numéro de téléphone, groupe sanguin, compétences, profession, expérience du combat, connaissance de la loi islamique, point et date d’entrée en Syrie, etc…

Certains noms de jihadistes sont déjà connus des services de renseignement, dont certains ont déjà été éliminés. En revanche, d’autres sont totalement inconnus en Europe, en Amérique du Nord, au Maghreb ou encore au Moyen-Orient.

Pour Afzal Ashra, un expert du contre-terrorisme au Royal United Services Institute (RUSI), il s’agit des « renseignements les plus importants que nous avons eu à ce jour sur Daesh. (…) Ils donneront des indications sur l’identité des jihadistes et d’où ils viennent et pourront potentiellement conduire à ceux qui les ont radicalisés et qui ont facilité leur départ ».

Même chose pour Richard Barrett, l’ancien chef du contre-terrorisme au MI6, le renseignement extérieur britannique. Selon lui, les informations livrées par Abu Hamed sont une « ressource inestimable » pour les analystes.

Toutefois, l’on peut se poser quelques questions sur cette affaire, dont on peut supposer qu’elle soit trop belle pour être vraie. Si des fuites massives sont toujours possibles (les affaires « WikiLeaks » et « Snowden » le prouvent), comment Abu Hamed a-t-il pu mettre la main sur des informations aussi sensibles sans avoir eu préalablement la confiance de ses chefs? D’ailleurs, d’où viennent-elles exactement? Sont-elles fiables? N’est-on pas en face d’une tentative d’intoxication et de saturation des services? (car ces 22.000 fiches représentent, grosso modo, plus de 500.000 données).

En tout cas, les analystes devront trouver des réponses à ces questions. Et, même s’ils disposent d’outils informatiques performants, pendant qu’ils vérifieront ce qui peut être une fausse piste mais qu’il est difficile d’écarter d’un revers de manche, ils ne feront fait pas autre chose, quitte à passer à côté d’une information capitale.

Photo : Extrait d’une fiche de Daesh (c) SkyNews

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]