Opérations contre Daesh : « Quel est l’effet final recherché? », demande le général Mercier

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Détruire l’État islamique (EI ou Daesh) ou « broyer » le coeur de cette organisation en Syrie et Irak pour que « les jihadistes ne puissent plus continuer à instiller le poison dans la région et dans le reste du monde », comme l’a affirmé Joe Biden, le vice-président américain… Tel est le mot d’ordre affiché par la coalition internationale emmenée par les États-Unis.

Pour autant, la réponse risque d’être un peu courte. Du moins pour la question posée par le général Denis Mercier, l’ancien chef d’état-major de l’armée de l’Air (CEMAA) qui occupe, depuis septembre dernier, les fonctions de commandant suprême allié Transformation de l’Otan (SACT).

Le député Jean-François Lamour (LR), membre des commissions de la Défense et des Finances, a récemment eu la très bonne idée de lancer une série d’entretiens dédiés aux affaires militaires. Le premier à ouvrir le bal a donc été le général Mercier.

Au cours du long (et passionnant, quoique très technique pour le profane) échange avec M. Lamour, l’ancien CEMAA a donc abordé les opérations en cours, en particulier celle menée contre Daesh.

« Quand nous avons une opération, le pire est d’engager des moyens militaires sans savoir ce que nous voulons faire politiquement », a ainsi estimé le général Mercier. « C’est ce qui s’est passé au début en Irak et en Syrie, dans l’opération sous commandement américain », a-t-il continué.

« C’est pour cette raison que j’ai milité assez rapidement pour que nous allions voir ce qui se passait en Syrie. Nous manquions de renseignement. Or, c’est là-bas que sont les centres de gravité, les leaders et les sources de revenus. Maintenant, nous y sommes et nous commençons à avoir une meilleure appréciation de la situation », a expliqué le SACT.

Pour autant, selon lui, cela ne suffira pas car il faut en effet répondre à une « question fondamentale », qui est celle de « l’état final recherché », lequel, a-t-il observé, « n’est pas le même pour tous les acteurs impliqués dans la crise. « Veut-on revenir à une frontière Irak-Syrie? Que veut-on pour le gouvernement syrien actuel. Qu’allons-nous faire pour traiter le problème des communautés chiites et sunnites? », a-t-il demandé, en citant également les Kurdes dans cette équation compliquée, ainsi que l’Iran. En clair, il faut traiter les raisons qui ont permis à Daesh de prospérer.

Et tant qu’aucune réponse, c’est à dire une « solution politique partagée », ne sera apportée à cette question, la « seule chose que nous pouvons faire niveau militaire, c’est empêcher Daech de s’étendre. Et le meilleur moyen de l’empêcher de s’étendre, c’est de faire du containment. C’est de réduire ses forces, et si possible, attaquer ses sources de revenus », a déclaré le général Mercier.

« Le jour où nous aurons une solution politique partagée, nous pourrons mettre les moyens militaires nécessaires », pense le SACT. Mais tant que ce n’est pas le cas, « il ne faut surtout pas mettre des moyens militaires autres que ceux participants à cette démarche de containment », a-t-il estimé.

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