La coalition veut chasser Daesh de Raqqa et de Mossoul avant la fin de l’année… Reste à savoir comment

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La semaine dernière, le secrétaire américain à la Défense, Ashton Carter, a affirmé, lors d’une conférence de presse, qu’il était question « d’en faire plus, à la fois en terme de volume et en terme de types d’activités » militaires pour aider les forces irakiennes à reprendre Mossoul à l’État islamique (EI ou Daesh).

Mossoul, en Irak, et Raqqa, en Syrie, sont les deux bastions de l’organisation jihadiste. Pour la coalition internationale emmenée par les États-Unis, l’objectif est de les en chasser d’ici la fin de cette année. Ce qu’a confirmé, lors d’une audition au Sénat, en février, Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense.

« Le Secrétaire à la défense américain, Ashton Carter, s’est montré extrêmement déterminé contre Daesh, il a arrêté un plan d’action pour 2016 avec comme objectifs Raqqa et Mossoul : un discours nouveau! Je suis parfaitement en phase avec M. Carter, avec lequel j’entretiens des relations étroites et de confiance », a-t-il en effet affirmé.

Seulement, l’affaire paraît sérieusement compliquée. « Comment prend-on Raqqa? », s’est d’ailleurs interrogé M. Le Drian, pour qui c’est une « question essentielle ».

« Les Américains, donc la coalition, sont beaucoup plus préoccupés par l’Irak que par la Syrie, qui est pour nous l’enjeu principal car c’est là que sont formés les terroristes qui menacent notre territoire. Ashton Carter considère avec moi que la prise de Raqqa est un objectif pour 2016 ; le président Obama nous l’a dit à Washington », a expliqué le ministre.

« Concrètement, les choses sont plus compliquées. Avec qui interviendrait-on au sol? Ce ne peuvent être que les Kurdes avec les forces sunnites syriennes, mais en sont-elles capables? Pour l’heure, non; demain, peut-être, si nous les y aidons », a poursuvi M. Le Drian.

Le souci est que Daesh a eu suffisamment le temps pour préparer ses défenses à Raqqa et à Mossoul. Et cela, grâce à l’expérience acquise par ses combattants tchétchènes, qui plus est habitués aux rapports de force défavorables, comme cela fut le cas face à l’armée russe dans les années 1990 et 2000.

Un article du Combating Terrorism Center de l’académie militaire de West Point (*) explique ainsi que, pour défendre Grozny face à l’avancée russe, en 1995, les rebelles tchétchènes y établirent trois cercles de défense. Cinq ans plus tard, selon le même principe, ils creusèrent des tranchées et utilisèrent « un système complexe » de tunnels. Pour en venir à bout, l’armée russe rasa quasiment la ville. Et les civils en payèrent le prix fort.

Quoi qu’il en soit, les combattants tchétchènes ont installé les mêmes défenses à Raqqa et à Mossoul qu’à Grozny. En un mot comme en cent : la partie sera plus compliquée qu’on ne le pense, surtout si la coalition compte s’appuyer sur les forces kurdes syriennes, qui ont d’autres objectifs en vue.

En outre, s’agissant plus particulièrement de Mossoul, il faudra compter sur la délicate question du plus important barrage d’Irak qui, situé à quelques dizaines de kilomètres de la ville, se trouve dans un très mauvais état… au point de menacer de céder et d’engloutir rapidement 500.000 personnes sous les eaux. Un autre probléme – qui peut toutefois être facilement réglé – est le soutien logistique dont auront besoin les forces irakiennes pour mener cette opération de reconquête.

(*) Evoqué par iTélé

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