Migrants : L’Otan a précisé le mandat de son opération navale en mer Égée

Le 11 février, à la demande de l’Allemagne, la Grèce et la Turquie, les ministres de la Défense des pays membres de l’Otan ont donné leur accord pour une mission navale visant à lutter contre le trafic de migrants en mer Égée. Si le Standing Nato Maritime Group 2 (SNMG-2), actuellement commandé par un amiral allemand, a été immédiatement déployé dans cette zone, il restait encore à préciser les modalités de cette opération, sachant qu’Ankara et Athènes y ont des différends territoriaux.

Ce qui a été fait le 25 février. « Nos navires vont fournir de l’information aux garde-côtes et autres autorités nationales de Grèce et de Turquie. Ceci les aidera à être encore plus efficaces pour gérer les réseaux de trafic illégaux », a ainsi expliqué Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Otan, via un communiqué.

« Notre valeur ajoutée est que nous pouvons faciliter une coopération plus étroite » entre Athènes et Ankara, a poursuivi M. Stoltenberg. « Nous établissons également des liens directs avec Frontex, l’agence frontalière de l’Union européenne », qui appuie les autorités grecques, a-t-il aussi précisé.

L’une des difficultés de cette opération concerne sa zone de déploiement étant donné qu’elle fait l’objet de tensions entre Anthènes et Anakara. Elle sera décidée par « nos commandants », en « coordination avec la Grèce et la Turquie », a indiqué M. Stoltenberg. En clair, les navires de l’Otan pourront naviguer dans les eaux territoriales de ces deux pays.

Toutefois, il n’est pas question qu’un bateau grec s’approche des côtes turques et vice-versa. « Les forces de la Grèce et celles de la Turquie s’abstiendront d’opérer dans les eaux territoriales et l’espace aérien de l’autre pays », a dit M. Stoltenberg. Le SNMG-2 compte une frégate grecque (le HS Salamis) et une autre battant pavillon turc (le TCG Barbaros).

« La mission de l’Otan n’est pas de renvoyer des bateaux » de migrants, a insisté le secrétaire général de l’Alliance. En revanche, dans le cas d’une intervention visant à secourir une embarcation de réfugiés en détresse, les « personnes venant par la Turquie seront ramenées en Turquie », a fait valoir M. Stoltenberg. « En effectuant leur missions, nos nations respecteront le droit national et international », a-t-il souligné.

Si on résume, cette opération de l’Otan vise donc avant tout à collecter du renseignement sur les réseaux de passeurs, comme si Ankara n’avait pas les moyens d’assurer cette tâche. Cela ressemble à la phase 1 de l’opération européenne Sophia, lancée en Méditerranée centrale pour identifier les réseaux de passeurs qui opèrent depuis les côtes libyennes. Mais la Turquie n’est pas la Libye… où des factions rivales se disputent le pouvoir.

Aussi, il y a de quoi être sceptique au sujet de cette opération… Pour certains, il ne s’agit que de communication politique, histoire de montrer que l’Allemagne, la Grèce et la Turquie agissent pour endiguer les flux migratoires tout en se prévalant du soutien de l’Otan. Pour d’autres, le déploiement de navires aux moyens technologiques avancés vise à surveiller plus étroitement les mouvements en mer Égée… où arrivent les bâtiments russes en provenance de la mer Noire.

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