L’Otan va renforcer sa « présence avancée » en Europe de l’Est

f22-20140920

Suite à l’annexion de la Crimée par Moscou, en mars 2014, et en raison de la situation dans l’est de l’Ukraine, où la Russie est accusée de soutenir les séparatistes, l’Otan avait pris des mesures de « réassurance » au bénéfice de ses membres (pays baltes et Pologne) s’estimant exposés à une menace russe.

Il fut ainsi décidé de renforcer la mission de surveillance aérienne Baltic Air Policing avec l’envoi d’avions de chasse supplémentaires dans les États baltes, de déployer davantage de navires en mer Baltique et en mer Noire, de prépositionner du matériel dans les pays baltes, de créer une force de réaction très rapide, c’est à dire mobilisable à très court préavis, et d’installer 6 centre commandements en Lituanie, Lettonie, Estonie, Pologne, Bulgarie et Roumanie.

Pour autant, ces mesures furent jugées insuffisantes par les pays baltes, lesquels réclament une présence militaire permanente de l’Otan sur leur territoire.

D’après John Chipman, le directeur de l’International Institute for Strategic Studies (IISS), le centre d’étude britannique qui vient de présenter son rapport annuel sur les équilibres militaires dans le monde, la Russie a renforcé ses moyens dans la région de la Baltique.

Les forces russes ont « déployé des capacités dans ses districts militaires de l’Ouest qui peuvent entraver l’accès et la liberté de manoeuvre dans la région de la Baltique », a-t-il relevé. Et cela, avec des « missiles anti-aériens à longue portée S400 et des intercepteurs Mig 31 », voire, à Kaliningrad et pendant une brève période, des « missiles Iskrander » dont la portée (500 km) menacent « une bonne partie de l’Europe du Nord et de l’Est ».

Aussi, lors de la réunion des ministres des 28 pays membres de l’Alliance, le 10 février, d’autres mesures de « réassurance » ont donc été annoncées. Afin de dissuader la Russie, l’Otan va donc renforcer sa « présence avancée » sur son flanc oriental, avec le déploiement de nouveaux équipements.

Cette présence militaire « avancée » et « renforcée » sera « multinationale » pour « montrer qu’une attaque contre un Allié sera une attaque contre tous les Alliés », a expliqué Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Otan. Elle consistera à déployer, dans les pays concernés, des troupes alliées « par rotation », à organiser davantage d’exercices militaires et à installer d’autres dépôts d’équipements et de matériels afin de « faciliter l’envoi rapide de renforts » le cas échéant. En outre, deux autres centres de commandement (en plus des 6 premiers) seraient créés.

« Notre dissuasion est basée sur une combinaison de cette présence avancée et de notre capacité à renforcer rapidement, si besoin » les troupes déjà déployées à l’Est, a fait valoir M. Stoltenberg.

Les États-Unis, qui, au cours de ces dernières années, avaient réduit leur empreinte militaire en Europe, ont l’intention d’allouer une enveloppe de 3,4 milliards en 2017 pour financer « l’initiative de réassurance européenne » et ainsi les rotations d’effectifs plus importants (entre 15.000 et 20.000 soldats), dotés de davantage de chars et de blindés.

« Cela ne ressemblera pas à ce qui se passait au temps de la Guerre froide mais constituera quand même une sérieuse dissuasion », explique Ashton Carter, le secrétaire américain à la Défense.

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