La force Barkhane fait face à la duplicité de certains groupes armés maliens

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Le 23 décembre dernier, le ministère de la Défense indiquait que les forces spéciales françaises venaient de neutraliser, trois jours plus tôt, une dizaine de terroristes affiliés au groupe jihadiste al-Mourabitoune, à l’issue de « violents combats » dans le cercle de Ménaka, au Mali, près de la frontière nigérienne.

Seulement, plus tard, Mohamed Ould Mataly, député et membre influent d’une branche dissidente du Mouvement arabe de l’Azawad (MAA), composante de la « Plateforme », proche du gouvernement de Bamako, accusa les forces françaises d’avoir tué 4 de ses combattants.

« C’est ce qu’on appelle ‘dégât collatéral’. Ce sont nos gens qui ont été tués. Et ce qui est grave, pour le moment, l’armée française ne veut pas que nous nous rendions sur les lieux », avait expliqué M. Ould Mataly.

La « Plateforme » publia un communiqué afin de donner sa version de ces événements.

« Une position de la Plateforme après s’être présentée et (avoir) accueilli en amies des forces Barkhane, a fait l’objet de tirs nourris de la part de ces forces, occasionnant plusieurs morts, blessés et disparus dans la zone de Ménaka, à Tinarabene », expliqua-t-elle.

Et d’ajouter : « La Plateforme, tout en condamnant de façon énergique l’extrémisme religieux, les attaques et provocations terroristes de tout genre, appelle les forces internationales à plus de discernement afin d’éviter tout amalgame et surtout l’aggravation d’une situation déjà trop compliquée. »

Dire que la situation est compliquée est un euphémisme. Car certains groupes armés entretiennent des relations troubles avec des mouvements jihadistes. Ainsi, lors d’une audition récente au sujet des opérations en cours, à l’Assemblée nationale, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a donné des précisions sur cet accrochage ayant eu lieu fin décembre.

« Dans la nuit du 19 au 20 décembre, nos forces spéciales sont intervenues contre un groupe terroriste, en neutralisant dix membres et en capturant neuf autres », a commencé par rappeler le ministre. « Il s’agissait d’un groupe qui dépendait du Mouvement arabe de l’Azawad (MAA), un des partenaires des accords d’Alger et de Bamako », a-t-il admis.

Mais, a poursuivi M. Le Drian, « en réalité, ce groupe était allié au groupe al-Mourabitoune sur la base de trafics. La porosité est donc grande entre différents mouvements, et c’est à la fin des combats, en identifiant les combattants, qu’on a pu se rendre compte de la situation. » Et, selon lui, ce cas est « exemplaire ».

Par le passé, la Coordination de mouvements de l’Azawad (CMA), qui regroupe des formations essentiellement touarègue et indépendantiste, a dénoncé plusieurs fois la présence d’anciens jihadistes dans les rangs de la Plateforme, en particulier parmi les combattants de la branche dissidente du MAA, ralliée au Groupe autodéfense touareg Imghad et alliés (GATIA).

En juillet 2014, Yoro Ould Daha, un ancien cadre du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), une organisation ayant fusionné avec les « Signataires par le sang » de Mokhtar Belmokhtar pour former al-Mourabitoune, avait été arrêté à Gao par les forces françaises. Or, il avait rejoint, quelques mois plus tôt, la branche dissidente du MAA, proche du gouvernement. Remis aux autorités maliennes, il fut relâché quelques jours plus tard.

Cela étant, ce n’est pas mieux du côté de la CMA, qui regroupe le Mouvement nationale pour la libération de l’Azawad (MNLA), allié pendant un temps, en 2012, aux jihadistes, le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad ainsi que le Mouvement islamique de l’Azawad (MIA). Or, de nombreux membres de ces deux dernières organisations sont issus d’Ansar Dine, l’un des trois groupes terroristes ayant contrôlé le nord du Mali avant d’en être chassés par l’opération française Serval.

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