Les responsables français et américains ne font pas le même constat sur l’évolution des effectifs de Daesh

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Plus un gouvernement d’union nationale tardera à se mettre en place en Libye, plus il deviendra compliqué de chasser l’État islamique, lequel profite de la rivalité entre les deux factions libyennes qui se disputent le pouvoir pour prendre racine dans ce pays.

Déjà, la branche libyenne a pris le contrôle de Syrte et lorgne sur le croissant pétrolier situé dans l’est de la Libye. En outre, elle cherche à nouer des alliances avec des tribus locales suscpetibles d’être perméables à son idéologie.

Il est toujours difficile de donner, avec précision, le nombre de combattants ayant rejoint les rangs de l’EI en Libye. Mais, un responsable du Pentagone l’a estimé à environ 5.000. Soit près de deux fois par rapport aux dernières évaluations.

Dans le même temps, ce responsable a indiqué que les effectifs de l’EI en Syrie et en Irak ont diminué. Ces derniers sont estimé entre 19.000 et 25.000 combattants contre 33.000 précédemment.  Cela serait dû, a-t-il expliqué, au ralentissement du flux de combattants étrangers ainsi qu’aux « pertes sur le champ de bataille, à des désertions, des sanctions internes. »

« L’État islamique a plus de difficultés qu’auparavant pour regarnir ses rangs », a, de son côté, confirmé Josh Earnest, le porte-parole de la Maison Blanche.

Cependant, ces chiffres sont à prendre avec des pincettes tant l’écart est important avec d’autres évaluations et tout le monde, en particulier la France, n’a pas la même appréciation de la situation.

Ainsi, en novembre 2014, un responsable de la région autonome du Kurdistan irakien avait avancé le nombre de 200.000 combattants, en grande partie recrutés dans les territoires passés sous le contrôle de Daesh, dont la superficie totale était alors équivalente à celle de la Grande-Bretagne. Selon lui, le potentiel de recrutement pour l’EI portait alors sur 7 millions d’individus.

Pour la France, le nombre de combattants de Daesh serait de l’ordre de 40.000. Du moins, c’est ce qu’a précisé Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense, le 31 janvier, lors du Grand Jury RTL/LCI/Le Figaro. « Daesh, dans sa dimension internationale, c’est entre 12.000 et 15.000 combattants [étrangers]. Leur nombre ne diminue pas, c’est ça la difficulté de cette crise majeure. En Syrie, en Irak, les forces de Daesh continuent à avoir un flux permanent [de recrue], a-t-il dit. Et cela, malgré les frappes qui infligent des pertes sévères aux jihadistes.

En outre, il y a également des différences d’appréciation entre les chefs militaires et les responsables politiques américains. Pour les premiers, même si Daesh a perdu du terrain, surtout en Irak, il s’est aussi adapté aux frappes aériennes. Et les pertes qu’il subit ne seraient pas aussi importantes qu’avancé.

Cela étant, il est certain qu’il est plus facile pour un candidat au jihad de rejoindre la Libye que la Syrie ou l’Irak. C’est surtout le cas pour ceux qui sont originaires des pays du Maghreb – et en particulier de la Tunisie – et du reste de l’Afrique en général. Par exemple, plusieurs dizaines de combattants de la branche libyenne de Daesh viennent du Sénégal, du Soudan voisin et sans doute de Somalie, où des membres des milices Shebabs, liées à al-Qaïda, ont fait allégeance à al-Baghdadi, le chef de l’EI.

Un officier de police de la ville libyenne a ainsi confié, au quotidien britannique The Telegraph que « l’immigration illégale était une menace car elle encourage les combattants étrangers à venir se battre avec l’EI ». Et si la plupart des migrants veulent aller en Europe, a-t-il expliqué, certains d’entre eux veulent rejoindre l’EI ».

Pour éviter qu’un foyer terroriste ne s’implante durablement à seulement 350 km de Lampedusa, c’est à dire aux portes de l’Europe, les pays membres de la coalition anti-EI espèrent l’installation prochaine d’un gouvernement d’union nationale en Libye. Ce n’est qu’après qu’il pourra être envisagé de lancer une opération – M. Le Drian parle de soutien à l’armée libyenne – visant à chasser Daesh du pays.

Quoi qu’il en soit, l’éventualité d’une opération internationale contre la branche libyenne de l’EI inquiète la Tunisie. « Nous sommes informés que les Libyens se préparent, peut-être, à certaines interventions étrangères et à des bombardements pour lutter contre Daesh », a dit son président, Béji Caïd Essebsi, d’une cérémonie de voeux au corps diplomatique. « Avant tout acte de ce genre, s’il vous plaît, consultez-nous, parce qu’il peut vous servir mais nous porter atteinte », a-t-il ajouté.

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