La Russie accuse la Turquie de préparer une intervention militaire en Syrie

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Le Traité « Ciel ouvert » (Treaty on Open Skies), entré en vigueur en 2002, instaure un contrôle des armements et des forces armées d’un pays signataires (34 au total) via des vols d’observation non armés au-dessus de son territoire.

Ce traité « est donc particulièrement efficace pour instaurer sécurité et confiance, sur le continent européen, car ouvrir son espace aérien et autoriser la prise de vue est l’acte qui traduit la plus grande marque d’ouverture et de transparence dont il est possible de faire preuve : la zone survolée est immense et tout ou presque est visible depuis le ciel », expliquait, en 2012, lieutenant-colonel Pierre Catto, chargé de la maîtrise des armements conventionnels à l’Etat-major des armées (EMA).

Chaque État partie à ce traité doit accepter un certain nombre de vols d’observation (on parle de « quota passif »). En outre, il peut effectuer autant de vols qu’il en a reçus (« quota actif »). Un pays devant faire l’objet d’une surveillance doit en être averti au moins 72 heures à l’avance par l’État « observant ».

En décembre 2015, la Russie a pu ainsi, grâce aux dispositions de ce traité, effectué un vol d’observation au-dessus de la Turquie. Et cela quelques jours après avoir perdu un de ses bombardiers Su-24 Fencer, abattu par l’aviation turque… et donc en pleine crise diplomatique.

Récemment, Moscou a averti Ankara de son intention d’effectuer un autre vol d’observation, toujours dans le cadre du traité « Ciel ouvert ». Saut que les autorités turques ont refusé.

« Un accord n’a pas pu être conclu sur l’itinéraire demandé par la Fédération de Russie pour le vol de reconnaissance de la période du 2 au 5 février 2015 et ce vol n’a donc pas eu lieu », a ainsi expliqué le ministère turc des Affaires étrangères, qui n’a précisé les secteurs que souhaitaient survoler les Russes.

À Moscou, la décision turque a, dans un premier temps, été vivement critiquée. Le ministère russe de la Défense a ainsi dénoncé « un précédent dangereux concernant l’absence de contrôle de l’activité militaire d’un État partie au traité Ciel ouvert ».

Puis, ce 4 février, l’état-major russe a précisé sa pensée. « Nous avons de sérieuses raisons de soupçonner une préparation intensive de la Turquie pour une intervention militaire sur le territoire d’un État souverain: la Syrie », a ainsi affirmé le général Igor Konachenkov, un porte-parole du ministère de la Défense.

« L’armée russe enregistre un nombre croissant de signes d’une préparation secrète des forces armées turques afin de mener des opérations sur le territoire syrien », a ajouté le général Konachenkov. « Si quelqu’un à Ankara pense que l’interdiction d’un vol de reconnaissance russe permettra de cacher quoi que ce soit, il n’est pas professionnel, a-t-il estimé.

« De telles décisions prises par un pays membre de l’Otan ne contribuent aucunement au renforcement de la sécurité et de la confiance en Europe », a encore ajoute le porte-parole, avant de préciser que « cet incident ne resterait pas sans réponse. »

Et, pour faire bonne mesure, le général russe a dit avoir des preuves « irréfutables » sur des tirs d’artillerie turcs sur plusieurs localités syriennes proches de la frontière, au nord de la province de Lattaquié.

Est-ce pour autant crédible? Sans doute… La Turquie pourrait être tentée d’intervenir en Syrie pour protéger la minorité turkmène, qui, stigmatisée par le régime syrien, a rejoint la rébellion anti-Assad. Qui plus est, elle n’a pas été épargnée par les combats et nombreux sont ses membres qui ont trouvé refuge de l’autre côté de la frontière. En outre, afin de juguler le flux de réfugiés sur son territoire, Ankara a plusieurs évoqué l’instauration d’une zone tampon en Syrie

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