L’efficacité discrète des instructeurs militaires français affectés auprès des forces irakiennes

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Après Ramadi, où elles continuent de progresser en déjouant les engins explosifs improvisés laissés par les combattants de l’État islamique (EI ou Daesh), les forces irakiennes visent désormais la reconquête des villes de Falloujah, d’Haditha et de Hit, dans la province d’al-Anbar afin de réduire la liberté de mouvement de l’organisation jihadiste entre Raqqa (Syrie) et Bagdad.

Ces troupes irakiennes comptent dans leurs rangs de nombreux soldats formés par des instructeurs militaires français. Si l’on excepte les opérateurs des forces spéciales, dont la présence a été signalée auprès des combattants kurdes irakiens (peshmergas), ces derniers sont selon deux composantes : les TF (Task Force) Monsabert et Narvik.

L’action de ces instructeurs français n’est pas énormément médiatisée, l’accent étant mis surtout sur les frappes aériennes et le déploiement du groupe aéronaval constitué autour du porte-avions Charles de Gaulle. Mais il n’en reste pas moins qu’elle est efficace, si l’on en juge par les résultats obtenus par les forces irakiennes au cours de ces dernière semaines.

D’ailleurs, cette mission de formation et de conseil (programme « advise and assist ») est l’un des piliers de la stratégie suivie par la coalition anti-Daesh emmenée par les États-Unis.

Ainsi, la TF Monsabert a pour tâche de former les cadres de la 6e Division d’infanterie irakienne (DAA6), forte d’environ 10 000 hommes, notamment dans les domaines de la planification opérationnelle, le renseignement, l’emploi des appuis (artillerie, déminage, etc) et la coordination aéroterrestre.

Dans l’un des rares articles publiés par l’État-major des armées (EMA) au sujet de cette mission de formation, le chef du premier détachement français affecté auprès de la DAA6 – un colonel – avait donné quelques précisions sur les activités de ce dernier.

« D’un volume d’une soixantaine de militaires français, mon détachement comprenait une vingtaine de conseillers d’état-major (majoritairement des officiers supérieurs) dans les domaines des opérations, du renseignement et de la logistique. Je disposais également de différents spécialistes (transmissions, Santé et combat d’infanterie). Chacun exerçant à la fois son rôle de conseil ou de formation auprès des Irakiens et assurant la sûreté de notre détachement », avait-il expliqué.

Pour former autant de soldat, l’approche retenue a été de se concentrer sur l’instruction de… formateurs au sein de la DAA6. « Chaque instructeur [irakien] étant capable de former à son tour 10 combattants en deux semaines, la 6e division sera en mesure d’assurer par elle-même la formation de 1.500 soldats par mois dans les domaines de la lutte contre les engins explosifs improvisés et le secourisme de combat », avait avancé le colonel français.

Quant à la TF Narvik (que l’on suppose armée par la 13e Demi-Brigade de Légion Étrangère), sa mission est de dormer les soldats de l’Iraqi Counter Terrorism Services (ICTS) dans les domaines du combat en zone urbaine, du combat d’infanterie, de la lutte contre les engins explosifs improvisés et le sauvetage au combat.

Depuis qu’elle est à l’oeuvre en Irak, elle a ainsi formé 53% des effectifs des ICTS. Selon un décompte arrêté en décembre 2015, 1.700 militaires irakiens de ces unités avaient ainsi reçu une formation de la part des instructeurs de la TF Narvik. Désormais, ils sont à l’oeuvre à Ramadi et à Baïji, où ils mettent en oeuvre le savoir-faire qu’ils ont acquis.

Par ailleurs, et selon un bilan avancé par l’EMA, les forces françaises de l’opération Chammal ont effectué, en 2015, 348 frappes aériennes en Irak et 14 en Syrie. Elles ont « appuyé constamment les offensives des troupes locales » engagés contre Daesh, souligne-t-il.

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