De la graisse de boeuf pour faire naviguer le destroyer américain USS Stockdale

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Chaque année, les forces armées américaines dépensent entre 10 et 17 milliards de dollars pour leur approvisionnement énergétique. Et cette facture ne concerne que les opérations. D’où le lancement, en 2009, du programme Great Green Fleet (grande flotte verte) de l’US Navy.

L’idée est de limiter le recours aux énergies fossiles en misant sur les carburants alternatifs. Si l’argument de la protection de l’environnement est généralement avancé, le programme Great Green Fleet vise à faire des économies sur le pétrole (du moins était-ce nécessaire au moment de son lancement) et surtout à diversifier les sources d’énergie.

En 2012, le pétrolier-ravitailleur USNS Henri J. Kaiser appareilla en emportant 1,7 millions de litres d’un biocarburant, composé d’algues et d’huile de cuisine recyclée) et autant de fuel traditionnel pour ravitailler le groupe aéronaval constitué autour du porte-avions nuclaire USS Nimitz, alors engagé dans l’exercice international RIM of the Pacific.

Un peu plus de trois ans plus tard, le programme Great Green Fleet a franchi une nouvelle étape avec le départ en mission, le 20 janvier, de l’USS Stockdale, un destroyer de classe Arleigh Burke. Ce dernier, qui fait partie de l’escorte du porte-avions USS John C. Stennis, utilisera à la fois du fuel et un carburant alternatif – un biodiesel – produit par l’entreprise californienne AltAir Fuels avec de la… graisse de boeuf fournie par les agriculteurs du Midwest. Et c’est une première, saluée à la fois par le secrétaire à la Marine, Ray Mabus, et son homologe à l’Agriculture, Tom Vilsack.

Le biodiesel peut être utilisé exactement comme le gazole. Il est produit par une réaction de « transestérification » qui convertit les esters triacylglycérols en esters méthyliques d’acide gras (EMAG) grâce à du méthanol (alcool) et un catalyseur à base d’hydroxyde de sodium. Toutefois, il a l’inconvénient de se solidifier à des températures relativement basse (10°c quand il est composé uniquement de suif). Pour y remédier, on lui ajoute un additif.

Par ailleurs, et contrairement à ce que prédisaient les « experts » il y a quelques années, le prix du baril de pétrole est actuellement au plus bas, à environ 30 dollars. Toutefois, le recours à ces carburants alternatifs, même si leur rendement est moindre que celui du gazole, serait encore, selon l’US Navy, avantageux. En effet, le suif est sans doute la matière première la meilleure marché. Enfin, les coûts liés hydrocarbures ne resteront pas éternellement aussi attractifs.

En outre, Ray Mabus a estimé que la « diversification » des sources d’énergie de l’US Navy lui donne « une flexibilité opérationnelle » et « renforce sa capacité à assurer une présence » sur les mers tout « en retournant la situation contre ceux qui voudraient utiliser l’énergie comme une arme contre nous ».

Outre les bio-carburants produits à partir de graisses végétales, d’algues et de suif, l’US Naval Research Laboratory (NRL) travaille actuellement sur un procédé devant permettre de catalyser, selon le procédé Fischer-Tropsch, le dioxyde de carbone (C02) contenu dans l’eau de mer (H20) pour obtenir des hydrocarbures.

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