Selon un rapport d’EUROPOL, Daesh disposerait de camps d’entraînement en Europe

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Au lendemain de la diffusion par Daesh (État islamique ou EI) d’une vidéo montrant 9 terroristes ayant pris part aux attentats de Paris et de Saint-Denis en train de s’entraîner et de commettre des atrocités sur des prisonniers et contenant de nouvelles menaces contre les pays européens, EUROPOL (European Police Office) a diffusé, ce 25 janvier, un rapport [.pdf] sur le mode opératoire et les intentions de l’organisation jihadiste.

En fait, il s’agit d’une synthèse d’un séminaire ayant réuni les experts des 28 États membres de l’Union européenne quelques semaines les attentats du 13 novembre.

« Les experts nationaux sont d’accord sur le fait que le soi-disant État islamique a la volonté et la capacité de conduire de nouvelles attaques en Europe », a affirmé Rob Wainwright, à l’occasion de la sortie de ce rapport, lequel précise que les jihadistes viseront en priorité les « cibles molles » (civiles) « en raison de l’impact que cela génère. »

Pour les experts, les attentats de Paris et de Saint-Denis marquent un « changement dans le mode opératoire » de Daesh, désormais en mesure de lancer « quand elle le souhaite », et partout dans le monde, des « séries d’attaques complexes et bien coordonnées », grâce à des agents locaux qui connaissent bien le terrain.

« Il semblerait que les commandants de l’EI ont une liberté tactique quand ils choisissent leurs cibles, afin d’adapter leurs projets à des circonstances locales spécifiques, ce qui rend encore plus difficile pour les forces de l’ordre la détection de tels projets et l’identification des personnes impliquées à un stade précoce », note le rapport.

Selon EUROPOL, les cellules terroristes susceptibles de passer à l’action sont en grande partie composés d’individus recrutés localement. Et il n’est pas « impératif » qu’ils aient fait un séjour en Syrie. Le rapport fait part d’une possible vulnérabilité des réfugiés syriens en Europe à la radicalisation. « Il y a des rapports que des centre de réfugiés sont spécifiquement ciblés par des recruteurs islamistes radicaux ».

Le rapport indique que la formation des recrues de Daesh porte essentiellement sur l’utilisation d’armes et d’explosifs ainsi que sur des différentes techniques pour tuer. Elles sont également formées pour des actions clandestines et la « contre-surveillance »;

« La nature et la structure de la formation permettent aux ‘agents’ d’exécuter des actes terroristes en étant émotionnellement détaché, comme l’ont démontré les fusillades de Paris. (…) À ce jour, il n’y a aucune preuve concluante de l’usage de drogues pour atteindre un tel état mental », affirme EUROPOL.

On peut aussi lire dans le rapport que Daesh disposerait, outre ses centres d’entraînement en Syrie (et en Libye), de « petits camps de formation dans l’Union européenne et dans les Balkans ».

Ces derniers servent à « tester » la condition physique et la détermination de ceux qui aspirent à rejoindre les rangs de l’organisation jihadiste. Il y est mené des « activités sportives pour la formation au combat » et un « entraînement à résister aux interrogatoires », précise le document.

L’un de ces camps évoqués par le rapport d’EUROPOL est certainement basé en Bosnie-Herzégovine, précisément dans les environs du village de Osve, connu pour être un bastion de Daesh. Depuis les premiers reportages publiés sur cette question (soit en juillet 2015), la situation n’a pas beaucoup évolué. Pire même : en novembre dernier, deux militaires bosniens ont été tués par un individu, qui s’est ensuite suicidé en déclenchant un engin explosif.

Par ailleurs, EUROPOL a ouvert un Centre européen de contre-terrorisme (ECTC), à La Haye, avec une quarantaine d’analystes. D’après M. Wainwright, il est qestion de renforcer ses moyens dans les mois à venir. « Il se concentrera en particulier sur la communauté de 5.000 citoyens européens qui ont été radicalisés en participant au conflit en Syrie et en Irak, dont un grand nombre est revenu dans nos sociétés et pose un grave risque de sécurité », a-t-il précisé.

Ce centre va aussi s’intéresser sur les liens entre le terrorisme et le grand banditisme, la lutte contre le trafic d’armes, le financement des activités terroristes, la propagante sur Internet et la contrefaçon des documents d’identité.

Photo : Siège d’EUROPOL

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