Le Patroller de Sagem sera le prochain drone tactique de l’armée de Terre

Dans le cadre des accords de défense franco-britanniques de Lancaster House, signés en novembre 2010, il était question pour l’armée de Terre française de se doter du drone tactique Watchkeeper, dévéloppé par Thales UK sur la base d’un appareil israélien de type Hermes 450 et mis en oeuvre par la British Army. Cette acquisition était liée, du moins pouvait-on le croire, à une possible commande par Londres de Véhicules blindés de combat d’infanterie (VBCI).

L’idée de doter les forces françaises et britanniques de matériels communs aurait permis d’améliorer l’interopérabilité et d’offrir des possibilités de mutualisations en terme de maintien en condition opérationnelle (MCO).

Seulement, pour remplacer les SDTI (systèmes de drones tactiques intérimaires) Sperwer dub 61e Régiment d’Artillerie (RA), Paris a lancé un appel d’offres. Et cette procédure a ainsi opposé le Watchkeeper et le drone Patroller proposé par Sagem. En parallèle, Londres en a fait de même pour ses futurs véhicules blindés d’infanterie.

Finalement, selon une information du quotidien Le Monde, le choix du futur drone tactique de l’armée de Terre a été tranché le 20 janvier. Et le vainqueur de l’appel d’offres est le… Patroller. Le montant du contrat qui sera notifié à Sagem est estimé entre 300 et 350 millions d’euros, ce qui correspond à la livraison de 14 drones (2 systèmes de 5 appareils chacun et 4 autres à des fins de formation) et à 10 ans de maintien en condition opérationnelle (MCO).

Pour Sagem, il s’agit d’une revanche. L’industriel avait insisté pour proposer son appareil à l’armée de l’Air qui, à l’époque, cherchait un drone MALE (Moyenne Altitude Longue Endurance) pour remplacer ses Harfang. Et cela avait passablement énervé l’amiral Édouard Guillaud, alors chef d’état-major des armées (CEMA) car le Patroller « ne répond(ait) pas aux besoins de l’armée française ».

En effet, les performances du Patroller en feraient presque un drone MALE « léger ». Avec une autonomie de 20 heures, il peut voler jusqu’à 20.000 pieds, à une vitesse allant de 100 à 200 km/h. Son constructeur met en avant son « coût d’exploitation faible », la possibilité de l’insérer dans l’espace aérien civil et, surtout, sa « chaîne multi-capteurs de haute performance », qui en fait une boule optronique fournie par Thales.

Seulement, ce choix va-t-il effectivement répondre aux besoins de l’armée de Terre? Car un drone tactique sert avant tout à éclairer la situation d’un Groupement tactique interarmes (GTIA), en faisant, par exemple, de la reconnaissance d’itinéraire.

En 2014, lors d’une audition de Laurent Collet-Billon, le délégué général à l’armement, un sénateur avait soulevé ce problème, en soulignant les performances très proches entre un drone MALE et un appareil comme le Patroller, qui, en plus, devrait avoir besoin de relais au sol.

« Ce sont des choses sur lesquelles il faudra effectivement se pencher. La véritable question est de savoir si l’armée de terre n’a pas en priorité besoin d’un système plus tactique », avait alors répondu le DGA, qui n’avait pas été convaincu par le Watchkeeper, malgré plusieurs déploiements opérationnels de cet appareil.

Quoi qu’il en soit, la sélection du Patroller permettra à la fois de consolider la filière française des drones et de créer au moins 300 emplois supplémentaires sur plusieurs sites de Sagem dans la mesure où cet appareil est assemblé à plus de 80% en France.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]