L’US Air Force ne demandera pas le retrait de l’avion d’attaque A-10 Warthog en 2017

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Devant faire face à des échéances budgétaires importantes, avec notamment la mise en service du très coûteux F-35 Lightning II, le remplacement des avions ravitailleurs KC-135 par le KC-46 Pegasus et le lancement du programme de bombardier LRSB (Long Range Strike Bomber), l’US Air Force avait planifié le retrait de ses avions d’attaque A-10 Thunderbolt II (ou Warthog) afin de trouver des marges de manoeuvre financière (soit 4 milliards de dollars en 5 ans). Ses responsables expliquèrent alors que cette décision était motivée par le caractère mono-mission de ce type d’appareils.

Seulement, le Congrès livra bataille pour conserver l’A-10 dans l’inventaire de l’aviation américaine. En 2013, il vota une loi pour interdire à l’US Air Force « de retirer, de se préparer à retirer ou de stocker » les appareils encore en service.

Les parlementaires eurent raison de défendre le Warthog. Et pour cause : engagés contre Daesh (État islamique ou EI) depuis la base turque d’Incirlik, 12 A-10 Thunderbolt II ont été sollicités pour l’opération Tidal Wave II, dont le but est d’empêcher le trafic de pétrole organisé par l’organisation jihadiste en Syrie et en Irak. En outre, des Warthog ont également été (re)déployés en Europe, dans le cadre des mesures de réassurance prises par l’Otan au bénéfice de certains de ses membres, inquiets de l’attitude russe dans l’affaire ukrainienne.

Plus généralement, cet avion d’attaque, conçu initialement pour détruire les colonnes de chars du Pacte de Varsovie grâce à son retoutable canon Gatling de 30 mm GAU-8 Avenger, a été intensivement utilisé en Afghanistan et en Irak pour des missions d’appui au profit des forces terrestres au contact avec les insurgés.

Cependant, le patron de l’Air Combat Command (ACC), le général Herbert Carlisle, s’était expliqué de cette apparente contradiction, en septembre 2015. « Une des question que l’on me pose est : ‘pourquoi vous voulez retirer les A-10 alors que vous les engagez encore au combat?’ Eh bien la réponse est simple. Je n’ai pas assez de capacités pour gérer les missions en Irak et en Syrie sans les Warthog », avait-il dit.

En outre, selon lui, les jours de l’A-10 ne pouvaient qu’être comptés étant donné que, de conception ancienne, il n’est « pas  adapté pour se mesurer à des défenses aériennes plus sophistiqués mises au point par la Russie, la Chine et d’autres adversaires potentiel », contrairement au F-35, censé reprendre les missions d’appui aérien.

En novembre, le même général Carlisle tempéra nettement son propos. « Si je les ai (les A-10), je vais les utiliser parce que ce sont des avions fantastiques. Et je vais en profiter. (…) Les pilotes sont incroyablement bien formés et ils font un travail formidable », avait-il affirmé. Et de préciser, dans le même temps, que le Warthog pourrait rester en service pendant encore « quelques années ».

Le fait est. Selon le site spécialisé Defense One, qui cite des sources anonymes, du Pentagone, l’US Air Force a décidé de renoncer à retirer ses Warthog du service dans sa proposition de budget pour 2017.

Cette décision, qui doit encore être officiellement confirmée, a été immédiatement saluée par les élus du Congrès favorables au maintien en service du Warthog.

« La flotte d’A-10 joue un rôle indispensable dans le combat contre l’EI en Irak, et pour assister l’OTAN dans ses efforts pour dissuader une agression russe en Europe de l’Est », a commenté le sénateur (républicain) John McCain, qui préside le comité sénatorial des Forces armées. « Nous ne pouvons tout simplement pas nous permettre mettre prématurément à la retraite la meilleure arme d’appui aérien de notre arsenal sans lui avoir trouvé un remplaçant approprié », a-t-il ajouté.

Ancienne pilote de Warthog et élue au Congrès, Martha McSally a estimé que l’administration Obama « a été rendue à la raison en reconnaissant l’importance du A-10 pour la vie de nos soldats et la sécurité nationale ».

Cela étant, dans un document présentant la stratégie que l’ACC entend suivre lors des prochaines années, il est sous-entendu qu’un successeur à l’A-10 sera bel et bien envisagé, à condition que le budget suive. « Nous devons également continuer à développer une capacité équilibrée d’appui aérien rapproché (CAS, Close Air Support) pour toutes les plateformes GPA [Ground Attack Precision, ndlr], explorer les possibilités d’une future plateforme d’appui aérien rapproché et d’adopter des initiatives concrètes pour nous assurer de maintenir une culture dans ce domaine », peut-on y lire.

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