Le Conseil de sécurité de l’ONU adopte une nouvelle résolution pour tarir les finances de Daesh

Plusieurs mesures ont déjà été prises par le Conseil de sécurité des Nations unies afin d’empêcher le financement d’organisations terroristes. Ainsi, depuis 2001, certaines d’entre elles ont permis de geler les avoirs financiers de 243 individus et de 74 entités qui ont financé al-Qaïda et ses groupes associés.

Plus récemment encore, avec l’apparition de Daesh (État islamique ou EI), des mesures supplémentaires ont été adoptées pour sanctionner les individus qui permettent à l’organisation jihadiste de se financer en lui achetant du pétrole de contrebande ou bien encore des objets archélogiques pillés en Syrie et en Irak. Mais, visiblement, ce n’était pas encore suffisant.

D’où l’adoption à l’unanimité des 15 membres du Conseil de sécurité de la résolution 2253, qui complète ainsi les précédentes, dont celle portant le numéro 2249 qui, votée le 20 novembre, appelle la communauté internationale « à prendre toutes les mesures nécessaires pour lutter contre Daech ».

Cette résolution 2253, qui compte 28 pages, demande aux pays d’agir avec davantage de détermination pour couper les circuits de financement de Daesh et de sanctionner les soutiens financiers de l’organisation jihadiste.

Ainsi, le texte appelle à prendre « des mesures renforcées », notamment afin de « combler les failles existant dans les systèmes financiers internationaux » et de « mettre fin aux abus et détournements de certaines causes caritatives ». Il est aussi question de « mettre à jour la Liste des sanctions du Conseil à l’encontre de Daesh et d’Al-Qaida.

Alors que des résolutions précédentes demandent aux États membres de l’ONU de s’assurer que des fonds ne soient pas versés à des terroristes par des personnes se trouvant sur leur territoire, celle adoptée le 17 décembre étend ce type de mesure au « paiement de rançons à des particuliers, à des groupes ou à des entités figurant sur la Liste des sanctions à l’encontre de Daech et d’Al-Qaida, indépendamment de la manière dont elle est payée ou de l’identité du payeur. »

En outre, le texte appelle à une « coopération internationale renforcée en matière de partage des informations et à une collaboration plus étroite avec le secteur privé afin d’identifier les transactions financières suspectes » et à une « vigilance renforcée » pour « détecter tout détournement d’explosifs et de matières premières ou composants pouvant être utilisés dans la fabrication d’engins explosifs artisanaux ou d’armes non conventionnelles, y compris des composants chimiques, des détonateurs, des mèches, ou encore des poisons. »

Enfin, les pays sont invités à adopter des lois visant à faire du financement du terrorisme un « grave crime », même s’il n’y a pas de lien avec un acte terroriste précis.

Sur ce point, Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’ONU, a déploré que de nombreux pays « n’aient pas encore créé les régimes juridiques, les institutions et les expertises nécessaires pour identifier et geler les finances et les biens des groupes terroristes ». « La mise en œuvre de résolutions clés du Conseil de sécurité sur ce sujet demeure faible dans de nombreuses régions du monde », a-t-il souligné.

Pour la première fois, ce sont les ministres des Finances des 15 pays membres du Conseil de sécurité qui ont eu à adopter cette résolution, qui, pour Jacob Lew, le secrétaire américain au Trésor, qui présidait la séance, « complète de précédentes mesures et renforce les outils existants ». Et d’ajouter : « Le vrai test sera d’agir résolument pour l’appliquer ».

« Tout doit être fait pour asphyxier finacièrement le terrorisme. Daesh ne recule devant aucun crime pour se financer (..) : il a amassé un butin de guerre exceptionnel reposant sur des sources diversifiées: contrebande, extorsions, trafics », a commenté Michel Sapin, le ministre français des Finances.  « La France attachera une importance particulière à la mise en oeuvre effective et rapide de cette résolution, a-t-il continué.

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