Deux députés proposent de faire rénover les casernes par l’Agence nationale de rénovation urbaine

En juin 2013, entendu par les sénateurs de la commission des Affaires étrangères et des Forces armées, le général Bertrand Ract-Madoux, alors chef d’état-major de l’armée de Terre (CEMAT), avait décrit une situation bien peu reluisante au sujet de l’état de certaines casernes, après avoir évoqué le retard pris dans l’exécution du Plan Vivien qui, lancé 15 ans plus tôt, visait à rénover ces dernières.

« Ce retard concerne la moitié de nos régiments et oblige à maintenir certains de nos militaires du rang dans des locaux à peine décents », avait ainsi déploré le général Ract-Madoux.

Cette situation a été en partie causée par les contraintes budgétaires, dans la mesure où il était plus simple de tailler dans les dépenses liées aux infrastructures. Seulement, plus on retarde la mise en chantier de travaux nécessaires, plus le coût de ces derniers sera importants. « Il s’agit d’une préoccupation majeure car touchant les conditions de vie et de travail, ces mesures affectent directement le moral du personnel », dira, quelques semaines plus tard, le même général Ract-Madoux.

En octobre 2014, après avoir constaté « l’état de dégradation des conditions de vie et de travail des agents du fait du défaut d’entretien de certains bâtiments » à l’occasion de ses visites à différentes unités, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, lança un « plan d’urgence » pour y remédier. Selon lui, il y avait alors « 700 points noirs » à traiter, pour un montant évaluer à 560 millions d’euros. Et, pour l’année 2015, il était prévu de débloquer 67 millions pour financer 130 opérations urgentes.

Quant aux gendarmes, leur situation n’est guère plus brillante. Un rapport du sénat a ainsi établi, en 2014, que l’âge moyen des logements du parc domanial de la gendarmerie nationale est « de 41 ans et 74% ont plus de 25 ans », avec pour certains un « degré de vétusté très préoccupant ».

D’où la proposition de loi des députés François de Mazières et Serge Grouard (LR), qui, cosignée par plus de 70 de leurs collègues, sera discutée ce 3 décembre en 1ère séance, à l’Assemblée nationale. Leur idée vise à financer les travaux de réhabilitation des casernes par l’Agence nationale de rénovation urbaine (ANRU).

Ainsi, il reviendrait à cette dernière d’élaborer un « programme de réhabilitation en direction des casernes dégradées en activité des ministères de la défense et de l’intérieur, après accord des ministres compétents et avis des maires et des présidents d’Établissements publics de coopération intercommunale concernés ». Le texte de cette proposition de loi précise qu' »un programme opérationnel et un calendrier de réalisation sur cinq ans seront arrêtés définissant ainsi les engagements financiers de l’ensemble des partenaires. »

Il s’agirait ainsi de profiter d’une petite partie des 5 milliards d’euros alloués au Programme national de rénovation urbaine (PNRU) pour rénover les casernes.

« Alors qu’en ce début d’année, la Nation a exprimé sa reconnaissance unanime à l’égard des forces de l’ordre, il conviendrait qu’à son tour la communauté nationale démontre sa solidarité en engageant les crédits nécessaires à la rénovation de leur habitat », font valoir les deux députés dans l’exposé des motifs.

« L’état de ces logements pèse lourdement sur les conditions de vie des gendarmes et de leur famille, ainsi que sur leur moral. Alors qu’en raison de revenus souvent inférieurs aux plafonds du logement social, ils pourraient prétendre à bénéficier d’un logement social », ont-ils aussi souligné.

Dans un communiqué commun diffusé le 2 décembre, MM. de Mazières et Grouard soulignent que « les militaires risquent leur vie pour servir la Nation ». Aussi, estiment-ils, « il semble que la Nation puisse, elle, leur offrir un logement digne et décent » car « ce serait là un juste retour des choses. »

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