La Belgique souhaite la création d’une agence de renseignement européenne

En octobre 2013, Viviane Reding, alors Vice-présidente de la Commission européenne et Commissaire européenne à la Justice, aux Droits fondamentaux et à la Citoyenneté, avait proposé la création d’un service européen de renseignement à l’horizon 2020 pour faire contrepoids, dans ce domaine, aux États-Unis. À l’époque, l’affaire Snowden continuait à faire des vagues.

Un peu plus de deux ans plus tard, cette idée, qui fut d’ailleurs avancée après les attaques du 11 septembre 2001 contre le World Trade Center et le Pentagone, a été reprise par Dimitris Avramopoulos, le commissaire chargé des Affaires intérieures, ainsi que par Charles Michel, le chef du gouvernement belge.

« Aujourd’hui, nous avons une difficulté, les échanges d’informations sur le plan européen sont bilatéraux (…). Aujourd’hui il n’y a pas de renseignement harmonisé sur le plan européen », a ainsi affirmé M. Michel, ce 30 novembre, sur les ondes de RTL.

« Si les services de renseignement fonctionnaient sans faille dans l’échange d’informations, il n’y aurait plus jamais aucun attentat dans le monde (…). Il n’y a pas d’uniformisation dans les échanges d’informations », a-t-il ajouté.

Aussi, a encore estimé le Premier ministre belge, « nous devons mettre en place le plus vite possible une agence européenne du renseignement, une CIA européenne », afin d’être en mesure de rassembler les informations sur les individus « suspectés d’avoir des tentations radicales » et « démasquer ceux qui ont des intentions hostiles ».

Seulement, le renseignement est un outil de souveraineté, comme l’a récemment rappelé M. Le Drian, le ministre français de la Défense. Et dans ce domaine, on choisit ceux avec qui l’on partage des informations et, en général, les échanges se font dans le cadre d’une relation bilatérale… Ou dans celui d’une communauté particulière, comme peut l’être celle dite des « Five Eyes » (États-Unis, Royaume-Uni, Australie, Nouvelle-Zélande et Canada), que la France vient d’intégrer, du moins pour les opérations contre Daesh.

D’ailleurs, la France n’est pas favorable à l’idée avancée par le Premier ministre belge. Il l’a lui-même reconnu. « Même votre ministre de l’Intérieur M. Cazeneuve est très réticent avec ma proposition de mettre en place une agence européenne du renseignement », a-t-il dit.

Même chose pour l’Allemagne. « Nous ne devrions pas gaspiller notre énergie sur une Agence européenne de renseignement. Je ne peux pas imaginer qu’on puisse renoncer à notre souveraineté nationale », avait ainsi réagi Thomas de Maizière, le ministre allemand de l’Intérieur, suite à la proposition avancée par M. Avramopoulos. Et d’estimer qu’il faudrait plutôt « se concentrer sur l’amélioration de l’échange d’informations entre des institutions déjà existantes ».

L’Union européenne dispose déjà en effet d’un service créé en 2002 sous le nom de « centre de situation » (SitCen), devenu IntCent (Centre de renseignement) au moment de son transfert vers le Service de l’action extérieur de l’UE à la faveur du Traité de Lisbonne.

En réalité, ce n’est pas, loin de là, un « service de renseignement » comme son nom le laisse penser mais d’un centre d’analyse. Comme l’explique le site B2, toujours très bien informé sur les arcanes de l’UE, il s’agit « davantage d’un centre de ressources, à destination essentiellement des dirigeants européens, qui a vocation d’analyser et synthétiser les renseignements provenant des Etats membres ou de sources ouvertes (presse et réseaux sociaux). »

L’UE dispose également du Centre satellitaire de l’Union européenne (CSUE), créé en 1993 sous l’égide de de l’Union de l’Europe occidentale (UEO) avant de devenir une agence du Conseil européen en 2002.

Chargée de l’exploitation et de la production des images satellitaires, sa raison d’être est de « soutenir le processus de prise de décision de l’Union européenne dans le cadre de la politique étrangère et de sécurité commune (PESC). »

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