Général de Villiers : « Nous gagnerons ce combat contre les groupes armés terroristes »

cema-20151127« Le pessimiste est un optimiste bien informé » dit un proverbe russe. Pas sûr qu’il puisse s’appliquer au général Pierre de Villiers, le chef d’état-major des armées (CEMA).

Invité à s’exprimer devant la commission sénatoriale des Affaires étrangères et des Forces armées dans le cadre de l’examen des crédits 2016 alloués à la Défense, le général de Villiers a longuement évoqué la lutte contre le terrorisme étant donné que son audition a eu lieu après les attentats du 13 novembre revendiqués par Daesh.

Avant tout, le CEMA est quelqu’un de lucide, qui sait faire preuve de franchise. S’agissant des moyens accordés aux forces armées, il a une nouvelle dit aux sénateurs que « nous sommes en tension permanente » et que « le costume est taillé au plus juste ».

« S’il advenait que l’emploi des matériels augmente, ce format ne serait bien sûr plus adapté. Si les missions augmentent, les moyens doivent augmenter aussi, c’est mécanique, je ne ferai pas croire, je ne sais pas faire croire, à mes soldats et aux armées, qu’on fera plus avec moins. En revanche, si le format des missions tel qu’il a été décrit dans le cadre de l’adoption de la LPM actualisée est respecté, nos armées ont les moyens de leurs missions », a ainsi expliqué le général de Villiers.

« Bien sûr, il faut faire la part entre ce qui est la réaction du Français ‘gaulois’ qui est rarement content – c’est quand même une de nos caractéristiques, et le génie français passe aussi par là – et la réalité de l’acuité du problème », a-t-il ajouté. Alors, « oui, le costume est taillé au plus juste » et « nous ne devons pas être en deçà de la limite acceptable, pour que les militaires puissent s’entraîner, voler, naviguer et faire leurs heures sur le terrain. Reconsidérer les moyens à hauteur de nos missions, c’est précisément ce que nous devons faire dans le PLF 2016 », a encore continué le CEMA.

S’agissant du combat contre le terrorisme, qui est bien encore loin d’être terminé, le général de Villiers a fait valoir que la « sémantique est importante » avant de s’en expliquer.

« Nous avons en face de nous des gens qui s’identifient comme des adversaires, comme nos ennemis. En ce sens, nous pouvons parler de ‘guerre’. Toutefois, nous demandons aux Français de faire comme s’il n’y avait pas de guerre pour ne pas céder à la panique, pour résister. Il me semble juste de dire que nos adversaires – l’islamisme radical – pratiquent des actes de guerre et que nous, nous sommes dans une lutte contre des terroristes », a-t-il dit, avant d’apporter une nuance.

« Toutefois, dans mon quotidien de militaire, dans le cadre de nos opérations extérieures, nous sommes en guerre. On parle de Daech, mais nous affrontons d’autres groupes de fanatiques islamistes pratiquant des actes de guerre et des actes terroristes : Mujao, Ansar Dine, Al-Mourabitoune, le front de libération du Macina… », a continué le CEMA.

Cela étant, selon lui, la « sécurité de l’arrière et la défense de l’avant vont de pair ». Et, sur le territoire national, l’action des forces armées ont vocation à venir « en complément et en addition de « celle des « des forces de sécurité intérieure » car les militaires peuvent, grâce à leur expérience et à leur formation, apporter « des compétences dans le domaine de la prévention et de la réaction par rapport à des actes de guerre. »

En outre, après avoir évoqué le rôle plus important que les réservistes auront à tenir, le général de Villiers a estimé que le « lien armée-nation est fondamental », avant de se dire fier des hommes et femmes qu’il commande et en qui il a toute confiance en ces moments tragiques.

« J’ai confiance en nos soldats qui sont exceptionnels. Je suis fier du modèle social militaire. Je ne sais pas s’il y a beaucoup d’institutions qui autorisent la promotion d’un deuxième classe jusqu’au grade de général, une ascension sociale aussi exceptionnelle, qui placent le souci de l’autre au centre de leur action et qui font de l’humanité dans le style de commandement un élément essentiel. Tout n’est certes pas parfait mais j’essaie modestement de garder ce cap », a-t-il avancé.

Et de conclure sur une pointe d’optimisme : « Nous avons de belles armées. Je suis fier de cette jeunesse, je suis fier de ce qu’elle fait. Nous gagnerons ce combat contre les groupes armés terroristes. Je vous l’ai dit et j’en suis persuadé. Nous le gagnerons parce que nous avons une nation derrière nous, un peuple debout. Et je le sens aujourd’hui vraiment. Pas seulement au travers de la représentation parlementaire mais aussi au travers de mes déplacements, de ce que je lis et de ce que j’entends. Et cela c’est peut-être ce qu’il y a de plus beau. De toute difficulté peut surgir un bien. La France peut en sortir grandie. »

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