En désaccord sur le sort d’Assad, Paris et Moscou vont coordonner leurs actions militaires contre Daesh

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Le déplacement du président Hollande à Moscou, le 26 novembre, était très attendu, étant donné les divergences de vues au sujet de la crise syrienne entre la France et la Russie.

La veille, lors du débat sur la prolongation des frappes françaises contre l’État islamique (EI ou Daesh) en Syrie, à l’Assemblée nationale, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, avait rappelé la position de la Russie, qui mène des opérations aériennes en soutien du régime de Bachar el-Assad depuis le 30 septembre.

« Les références à la Russie sont intéressantes mais, si nous sommes intervenus en Syrie, c’est d’abord parce que Daech, bloqué contre Bagdad et contre Erbil a tourné son offensive vers la Syrie. Nous avons pris la décision de frapper parce que c’est aussi à partir de la Syrie que s’organisaient les attentats contre la France. La Russie n’était alors pas présente », avait-il dit.

« Aujourd’hui, sa déclaration sur la nécessité impérieuse de frapper Daesh constitue un narratif intéressant qui nous permettra sans doute d’avoir demain un objectif commun. Mais cet objectif n’a pas encore de traduction concrète. Convenez qu’il est difficile de passer un accord d’objectif commun avec un pays qui déclare attaquer Daesh mais dont 10 % seulement des frappes visent cette organisation, le reste étant uniquement dirigé contre les insurgés qui protestent contre la dictature de Bachar al-Assad. On ne peut pas tenir plusieurs discours en même temps », avait poursuivi le ministre. « Dans les impératifs que nous devons fixer pour l’action collective, il faudra suivre une ligne claire : il y a un ennemi, Daesh, et tous les objectifs et tous les moyens doivent viser à le détruire le plus rapidement possible », avait-il conclu.

Cela étant, la rencontre de M. Hollande avec son homologue russe, Vladimir Poutine, a permis de trouver un terrain d’entente sur trois points « essentiels ».

En premier lieu, il a été convenu d' »augmenter les échanges d’informations et de renseignements » entre les forces françaises et russes.

Sur ce point, depuis les attentats du 13 novembre, les États-Unis partagent tous les renseignement qu’ils ont avec la France. « Pour la première fois, sur l’Irak et la Syrie, nous atteignons un niveau d’échange de renseignement avec les américains équivalent à celui des Five Eyes. L’accord que nous avons signé se concrétise immédiatement par une augmentation de notre capacité d’action », a récemment expliqué M. Le Drian.

Ensuite, les « frappes contre Daesh seront intensifiées et feront l’objet d’une coordination pour augmenter leur efficacité, en particulier sur le transport du pétrole ». Enfin, « les forces luttant contre Daesh et les groupes terroristes ne doivent pas être visées par nos actions », a indiqué le président Hollande. Et ce dernier de préciser : « Nous devons aller frapper les groupes terroristes et Daesh. »

La France et la Russie vont « échanger des informations concernant les zones où se trouvent l’opposition saine, et non pas terroriste, et s’abstenir de les viser », a, de son côté, indiqué M. Poutine. « Les frappes russes et françaises cibleront en priorité le transport de produits pétroliers, dont la vente est la principale source de financement de l’EI, a-t-il insisté.

« Le président Poutine nous a demandé d’établir une carte des forces qui ne sont pas terroristes et qui combattent Daesh », a précisé Laurent Fabius, le ministre des Affaires étangères, ce 27 novembre. « Il s’est engagé – dès lors que nous lui fournissons cette carte, ce que nous allons faire – à ne pas bombarder ceux-là, c’est très important », a-t-il ajouté.

Quant au sort de Bachar el-Assad, les positions n’ont pas changé d’un pouce. Le président Hollande a encore répété que le ce dernier « n’a pas sa place dans l’avenir de la Syrie »… Ce à quoi son homologue russe a répondu que c’était aux « Syriens de choisir » et que les forces syriennes sont ses « alliées naturelles dans la lutte contre le terrorisme ».

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