Garde nationale, rétablissement du service militaire obligatoire ou les deux?

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Le service militaire n’a jamais eu autant la cote depuis la décision prise en 1996 par le président Chirac de le suspendre. À chaque événement grave, les médias en font un sujet de débat et l’on trouve des responsables politiques qui proposent de le rétablir. Ainsi est-ce le cas du député Xavier Bertrand (Les Républicains), qui défend cette idée non sans avec une certaine constance, comme il l’a d’ailleurs rappelé, le 23 novembre, sur les ondes de France Infos.

« Je suis depuis très longtemps partisan du rétablissement d’un service national, qui fait cruellement défaut dans notre pays. (…) On a oublié que le service national, c’était un creuset où tous les jeunes, quelles que soient les origines, religieuses, politiques, sociales, des familles, se retrouvaient tous ensemble », a ainsi affirmé M. Bertrand.

Et, dans un entretien donné au Figaro, le député a proposé la mise en place d’un service de « trois à six mois obligatoires pour les filles comme pour les garçons », évoquant le besoin d’une nouvelle « offensive républicaine » devant passer « par le travail, par l’éducation, par la culture. »

Il aurait été mieux d’avoir ce débat au moment de l’annonce de la professionnalisation des armées. Or, à l’époque, il n’a pas vraiment eu lieu, comme le soulignera le rapport « La France et son service » rédigé par la Mission parlementaire d’information sur le service national, présidée par Philippe Séguin.

En outre, la dimension « creuset républicain » du service national était sérieusement remise en cause par les 30% de jeunes d’une classe d’âge qui en étaient réformés, dispensés voire exemptés.

Techniquement, l’article L. 112-2 du Code du service national permet de rétablir la conscription « à tout moment par la loi dès lors que les conditions de la défense de la Nation l’exigent ou que les objectifs assignés aux armées le nécessitent ».

Seulement, les politiques successives menées depuis plus de 20 en matière de défense ont rendu quasiment impossible la mise en oeuvre de cet article. Avec des budgets contraints, les armées ont vu leurs effectifs se réduire massivement tandis que de nombreux sites militaires ont été cédés, souvent à des conditions avantageuses, aux collectivités locales.

Si des enquêtes d’opinion ont montré que, en majorité, les Français seraient favorable au retour du service militaire, il n’en reste pas moins qu’un telle mesure impliquerait de consacrer des moyens importants. En clair, cela reviendrait en grande partie à refaire ce qui a été défait à partir de 1996. Qui plus est, il faudrait de nouvelles casernes, des officiers et des sous-officiers pour l’encadrement et des équipements. Et c’est sans compter su les soutiens nécessaires, de la sélection des appelés à leur incorporation en passant par le vie dans leur unité. Tout ça pour un service de 3 mois… Est-ce raisonnable?

En revanche, l’idée d’une garde nationale, évoquée par le président Hollande lors de son discours prononcé devant les parlementaires réunis en congrès, fait son chemin. En tout cas, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a confirmé, lors de son passage au Grande rendez-vous d’Europe1-iTélé-Le Monde, le 22 novembre, qu’il s’agit d’une « piste de réflexion » et que l’on « peut avoir là un bon concept à travailler avec l’ensemble de la représentation nationale ».

« À partir de la réserve [opérationnelle] et d’un élargissement de la réserve », il pourrait se former une « forme de garde nationale à condition qu’elle soit territoriale », a expliqué le ministre, qui a par ailleurs indiqué que l’on « peut prendre les observations de M. Bertrand dans ce cadre là, ça mérite réflexion ».

Reste que la création d’une Garde nationale, qui a déjà existé dans l’Histoire de France (avant d’être supprimée en 1871 par Adolphe Thiers, après avoir compté dans ses rangs, lors de la Révolution, un certain La Fayette), ne sera pas si simple. Il faudra ainsi remplacer les réservistes qui font besoin au sein des états-majors et de certaines unités opérationnelles et donc  augmenter significativement les effectifs de la réserve en levant les freins au recrutement (souvent liés à la vie professionnelle) et en débloquant les crédits nécessaires.

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