Le chef opérationnel jihadiste à l’origine des attentats de Paris a été tué

L’opération antiterroriste menée hier à Saint-Denis par les policiers du RAID et de la BRI avait pour but de mettre la main sur Abdelhamid Abaaoud (alias Abou Omar Soussi ou Abou Omar al-Baljiki), un chef opérationnel de l’État islamique (EI ou Daesh), fortement suspecté d’avoir organisé les attaques meurtrières commises à Paris le 13 novembre.

À 4H16, et sur la base renseignements incomplets, notamment sur la nature des lieux, les hommes du RAID ont voulu faire sauter la porte de l’appartement où Abaaoud s’était sans doute réfugié avec des explosifs. Seulement, cette dernière étant « blindée », l’effet recherché n’a pas pu être obtenu. S’en est alors suivi des échanges de tirs nourris (5.000 cartouches tirées, au total, par les policiers).

Peu après, trois hommes sont interpellés et placés immédiatement en garde à vue. Mais, pendant de longues minutes, policiers et jihadistes se font face, avec des tirs tantôt sporadiques, tantôt plus intenses.  C’est lors d’une période d’accalmie que Diesel, une chienne d’assaut de 7 ans, est tuée par les terroristes alors qu’elle avait été envoyée en reconnaissance.

Par la suite, l’un des 6 tireurs d’élite du RAID placés à proximité immédiate de la zone d’intervention a touché un des terroristes présent dans l’appartement. Les tirs reprennent alors de plus belle. Puis, une femme, après avoir envoyé une longue rafale de Kalachnikov, se fait exploser, comptant sans doute toucher les policiers. Mais l’explosion a fait vaciller les murs porteurs. [*]

Puis, comme le raconte, au Figaro, le chef du RAID, Jean-Michel Fauvergue, plus qu’une Kalachnikov continue de tirer. Des grenades assourdissantes sont alors lancées avant de tenter des reconnaissances des lieux au moyen de deux robots, qui n’ont pas pu avancer à cause des gravats, et d’un drone dont les images prises au travers des fenêtres de l’appartement n’ont rien donné.

Alors, le plancher étant troué, les policiers comptent utiliser une perche dotée d’une caméra à partir de l’appartement du dessous. Là, ils découvrent un cadavre « abîmé » car « il a sans doute pris des grenades et reçu une poutre lorsqu’il est tombé ». Il est impossible de l’identifier formellement sans faire d’analyses.

Selon l’Obs, l’opération du RAID a été décidée suite à la surveillance des communications téléphoniques d’Hasna Aitboulahcen, la cousine d’Abaaoud, avec lequel elle partageait les mêmes motivations. Il s’agit d’ailleurs probablement de la femme qui a était présente dans l’appartement lors de l’intervention des policiers.

Étant donné qu’Abaaoud ne faisait pas partie des 8 individus interpellés lors de cette opération, il restait donc à voir si le cadavre retrouvé n’était pas le sien. Ce qui est désormais chose faite.

« Abdelhamid Abaaoud vient d’être formellement identifié, après comparaison de traces papillaires, comme ayant été tué au cours de l’assaut mené par 110 policiers d’élite contre un immeuble où se cachait le jihadiste avec des complices », a ainsi fait savoir, ce 19 novembre, François Molins, le procureur de Paris, via un communiqué.

« Abaaoud, le cerveau de ces attentats – l’un des cerveaux car il faut être particulièrement prudent et nous savons les menaces – se trouvait parmi les morts », a également indiqué Manuel Valls, le Premier ministre, devant les députés.

De nationalité belge, originaire de Molenbeek, Abaaoud avait rejoint la Syrie en 2013 avant de monter en grade dans la hiérarchie de l’État islamique.

En janvier, sa trace avait été retrouvée en Grèce, d’où il soutenait une cellule jihadiste – démantelée à Veviers – qui projetait de s’en prendre aux forces de l’ordre en Belgique. Selon toute vraisemblance, il était ensuite retourné en Syrie. A priori, Abaaoud serait également impliqué dans deux tentatives avortées d’attentats en France : à Villejuif, où au moins une église était visée par Sid Amehd Ghlam et dans le Thalys assurant la liaison Amsterdam-Paris.

[*] Plus tard, il a été établi que le terroriste qui a actionné une ceinture d’explosif n’était pas Hasna Aitboulahcen. Le 14 janvier, son identité a pu être avancée. Il s’agirait d’un dénommé Chakib Akrouh, né en Belgique, âgé de 25 ans. Visiblement, il aurait fait partie du groupe dit des terrasses. (Mise à jour faite le 14 janvier)

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