M. Le Drian observe que la « Russie bouge » sur le dossier syrien

Le 3 novembre dernier, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a évoqué les opérations extérieures actuellement en cours devant les députés de la commission de la Défense. Or, depuis, avec les attentats commis à Paris par Daesh (État islamique ou EI), certaines dynamiques ont évolué, en particulier en Syrie, où la Russie intervient militairement aux côtés des forces du régime de Bachar el-Assad.

Ainsi, il y a maintenant deux semaines, M. Le Drian a confirmé que les frappes menées par l’aviation russe étaient « dirigées à 25% contre Daesh, notamment à Palmyre », et que, pour le reste, elles visaient « les groupes d’insurgés dans les zones où ils sont en conflit avec les forces loyales au régime de Bachar el-Assad ».

Et d’ajouter : « Il s’agit aussi bien de l’Armée syrienne libre (ASL) – la 1re brigade côtière, unité modérée encadrée par d’anciens officiers syriens, est l’une des principales cibles de ces frappes – que d’autres groupes, dont certains, tel Jabhat Al-Nosra, sont plutôt liés à al-Qaïda. »

Mais c’est désormais moins le cas. Invité du journal de 20 heures de TF1, M. Le Drian a en effet dit avoir constaté un changement dans la posture russe, surtout depuis que Moscou a reconnu que l’A321 de la compagnie russe Metrojet avait bel et bien été victime d’un attentat commis par Daesh.

« J’observe que la Russie bouge puisque aujourd’hui même des missiles de croisière russes ont frappé Raqqa [ndlr, le fief de Daesh] », a ainsi relevé le ministre. « La Russie a commencé ses frappes, il y a maintenant quelques semaines, en privilégiant quasiment exclusivement les insurgés qui se battaient contre Bachar. Mais il y a eu ce drame, cet attentat de Daech contre la Russie, cet avion russe qui a été complètement volatilisé, a-t-il ajouté.

Aussi, espère-t-il, une grande coalition anti-EI est « peut-être possible parce que la Russie a évolué ».

Par ailleurs, lors de son audition du 3 novembre, à l’Assemblée, M. Le Drian a admis s’être trompé au sujet de l’ASL. « Je pensais qu’elle était beaucoup plus faible que ce qu’elle n’est en réalité; Elle apporte en ce moment la preuve qu’elle est capable de résister, même si la situation peut bien entendu évoluer ».

Le fait est, les combattants de l’ASL ont bien résisté, en particulier dans la province de Hama, grâce notamment à la livraison de missiles antichar BGM-71 TOW. Mais à Alep, sous la pression des frappes russes, ils ont dû abandonner du terrain à… Daesh.

Justement, sur le chapitre des livraisons d’armes, le ministre de la Défense a tordu le coup à des rumeurs avancées par des sources pas toujours dignes de confiance. Ainsi, répondant à un député, il a affirmé que « nous n’avons jamais soutenu Jabhat al-Nosra et Ahra al-Sham [ndlr, un des principaux groupes islamistes syriens] ». Et de préciser : « Nous suivons très précisément la situation avec nos alliés qui livrent des armes dans cette zone. »

Par ailleurs, selon M. Le Drian, les frappes aériennes russes provoquent « des mouvements migratoires, en particulier vers la Jordanie », ce qui n’est pas sans poser de problèmes à ce pays déjà sous tension.

« L’arrivée massive de réfugiés dans le nord du pays suscite une vive inquiétude de la part des autorités jordaniennes, notamment du roi, ainsi que j’ai pu le constater lors de ma récente visite à Amman. Pour une grande part, les réfugiés sont non pas installés dans des camps, mais intégrés au sein de la population. Il s’agit d’un geste d’ouverture très fort de la part des Jordaniens, mais cela peut aussi être source de complications, voire de risques majeurs », a expliqué le ministre aux députés.

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