Sentinelle oblige, le dispositif de préparation opérationnelle de l’armée de Terre va évoluer

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L’opération intérieure (OPINT) Sentinelle, lancée en janvier avec 10.000 hommes suite aux attentats de Paris, a lourdement affecté la préparation opérationnelle des unités de l’armée de Terre.

Ainsi, 70% des rotations dans les centres d’entraînement spécialisés, comme le CENTAC (centre d’entraînement au combat) et le CENZUB (centre d’entraînement aux actions en zone urbaine) ont été annulées cette année.

Et selon un récent rapport parlementaire, le nombre de jours de préparation opérationnelle (JPO) devrait atteindre, en moyenne et en fonction des unités, entre 51 et 64. Et cela, alors que la loi de finances pour 2015 devait en financer 83 (toujours en moyenne).

Aussi, comme l’entraînement des soldats appelés à être déployés sur un théâtre extérieur (ou OPEX) n’est « pas négociable », comme l’a rappelé le général Pierre de Villiers, le chef d’état-major des armées (CEMA), il va falloir trouver une solution.

Lors de son audition par la commission sénatoriale des Affaires étrangères et de la Défense nationale, le général Jean-Pierre Bosser, le chef d’état-major de l’armée de Terre (CEMAT) a fait de la préparation opérationnelle un de ses défis pour l’année prochaine.

« Avec 7.000 hommes en OPEX et 7.000 en OPINT, le dispositif de préparation opérationnelle dans les centres d’entrainement spécialisés, qui avait été mis en oeuvre pour préparer nos hommes aux interventions sur les théâtres extérieurs, doit évoluer », a-t-il ainsi affirmé.

Et pour cause : avec le système tel qu’il est organisé actuellement, les soldats devraient « passer plus de 250 jours par an en dehors de chez eux, entre la préparation opérationnelle, les OPEX et les OPINT », a expliqué le général Bosser. « Rapportées aux rémunérations perçues, le SMIC pour les moins gradés, ces contraintes sont trop élevées », a-t-il fait valoir.

Et cela ne plaide pas pour la « fidélisation » des engagés de l’armée de Terre. D’autant plus que, a affirmé le CEMAT, avec la remontée en puissance de la Force opérationnelle terrestre (FOT), dont les effectifs doivent passer de 66.000 à 77.000 hommes, cette fidélisation est « l’indispensable complément du recrutement ».

Aussi, a annoncé le général Bosser, les « grands centres d’entrainement consacrés à la préparation des OPEX seront certes maintenus, mais nous allons rééquilibrer le dispositif vers plus de préparation opérationnelle en garnison, avec des manoeuvres à la journée dans un rayon de 40 kilomètres maximum autour du régiment, permettant ainsi aux militaires de rentrer chez eux le soir. »

Le CEMAT a en outre insisté sur l’érosion « progressive » du capital de préparation opérationnelle de l’armée de Terre. « Notre capacité d’entraînement en interarmées et avec nos alliés s’est aussi détériorée », a-t-il déploré, avant d’estimer que, toutefois, les dégâts étaient limités grâce à « la forte expérience acquise depuis 20 ans en opérations extérieures et sédimentée dans nos corps de troupe ».

En outre, la situation s’améliorera progressivement à mesure que les objectifs en matière de recrutement et de fidélisation seront atteints. Il s’agit d’un autre défi important, dans la mesure où l’armée de Terre devra recruter, en 2016, 14.000 militaires du rang, soit 16 % de plus par rapport à cette année.

« Notre capacité à recruter butte en effet sur des contraintes en termes de formation, d’équipement, d’habillement, d’infrastructures, de soutien médical… Recruter 11 000 hommes supplémentaires dans un délai aussi réduit met en lumière la notion de seuil critique de la remontée en puissance. On ne peut évidemment pas remonter en puissance une armée en un claquement de doigts », a expliqué, à ce sujet, le général Bosser.

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