Deux bombardiers B-52 ont reçu des avertissements par radio en mer de Chine méridionale

Des sources chinoises ont affirmé, à la fin du moins d’octobre, que l’Armée populaire de libération (APL) avait déployé des avions de combat de type J-11 BH/BHS sur l’île de Woody, laquelle fait partie de l’archipel Paracel, en mer de Chine méridionale, dont Pékin revendique des droits sur la quasi-totalité.

Depuis quelques mois, faisant fi des revendications territoriales de ses voisins, la Chine aménage des îlots inhabités situés dans les archipels Spratleys et Paracel. Et cela, à des fins militaires. D’où l’inquiétude de pays comme le Vietnam, les Philippines, la Malaisie, Taïwan ou encore le sultunat de Bruneï d’un éventuel coup de force les mettant devant le fait accompli.

Pour rappel, la mer de Chine méridionale est une zone stratégique, étant donné qu’elle est située à un carrefour de routes maritimes essentielles pour le commerce mondiale et que ses fonds marins sont susceptibles de receler d’importantes réserves de pétrole et de gaz.

La stratégie chinoise est claire : en aménageant des îlots dans les deux archipels contestés, Pékin fortifie ses approches maritimes et rend plus compliquée toute contestation légale, voire militaire, au sujet de leur appartenance. En outre, ces récifs « militarisés » permettent à l’APL d’étendre ses capacités opérationnelles.

Cela étant, aucun avion de chasse chinois n’est venu intercepter deux bombardiers stratégiques B-52 de l’US Air Force alors qu’ils évoluaient à proximité de ces îlots revendiqués par la Chine. Les équipages américains ont cependant reçu des avertissements par radio émis par un contrôleur aérien chinois.

Les deux B-52, partis de l’île de Guam, « ont reçu deux avertissements verbaux d’un contrôleur au sol chinois, alors même qu’ils ne se sont jamais approchés à moins de 15 milles d’une des îles » contestées, a expliqué le capitaine de frégate Bill Urban, un porte-parole du Pentagone, le 12 novembre. « Les deux avions ont continué leur mission sans incident », a-t-il ajouté.

Ce n’est pas la première qu’un avion américain est ainsi « averti » par radio. En mai dernier, un appareil de patrouille maritime américain P-8A Poseidon avait été aussi interpellé de la même manière.

En outre, fin octobre, l’US Navy a envoyé un de ses destroyers, l’USS Lassen, patrouiller dans les zones contestées pour faire comprendre à Pékin que la liberté de navigation dans ces eaux n’était pas négociable.

Interrogé sur le vol des deux B-52, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Hong Lei, a réaffirmé que Pékin « s’opposait à toute action qui, menée sous le prétexte de la liberté de navigation et de survol, est susceptible de porter atteinte à la souveraineté de la Chine ou à sa sécurité. »

Lors du forum Reagan sur la défense nationale, le 7 novembre, en Californie, Ashton Carter, le patron du Pentagone, a affirmé que les « États-Unis partagent les profondes inquiétudes de pratiquement tout le monde dans la région sur le rythme et la portée des revendications territoriales en mer de Chine méridionale ».

Et de se dire également « préoccupé » par « les perspectives de militarisation accrue, ainsi que par le potentiel qu’ont ces activités d’accroître le risque de mauvais calculs ou de conflit entre les Etats ayant des revendications. »

La veille, l’Union européenne (UE), par la voix de Federica Mogherini, Mme le Haut Représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, a dit s’opposer « à toute tentative de défendre des revendications territoriales ou maritimes par l’intimidation, la contrainte, la force ou toute action unilatérale qui pourrait causer davantage de frictions. »

« Même si nous (l’UE) sommes loin d’un point de vue géographique, nous avons des intérêts à faire valoir dans ce débat, en raison des interconnexions et de l’interdépendance, à commencer par celle de nos commerces et économies », a expliqué Mme Mogherini. « Nous soutenons un ordre maritime basé sur les principes du droit international », a-t-elle ajouté, à l’issue d’une réunion entre les ministres des Affaires étrangères des 28 États membres de l’UE et ceux de pays asiatiques.

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