La Force aérienne finlandaise n’a pas les moyens de remplacer ses avions d’entraînement

l70-20151112

La coalition gouvernementale en place à Helsinki depuis les élections législatives du printemps dernier devait augmenter le budget finlandais de la Défense de 5 à 15% sur la période 2016-2024. Du moins était-ce l’engagement qui avait été pris pendant la campagne électorale, en raison des tensions géopolitiques liées à la Russie.

Seulement, l’économie finlandaise va très mal… Et pas seulement à cause du rachat de Nokia par Microsoft. La dette publique continue ainsi d’augmenter, de même que le chômage. Les relations tendues avec Moscou n’arrangent rien étant donné que la Russie, qui est par ailleurs en récession, est l’un des principaux marchés à l’exportation de la Finlande.

Pour son ministre des Finances, ce pays est devenu « l’homme malade de l’Europe ». Et le Premier ministre, Juha Sipila, a même fait des comparaisons avec la Grèce, qui, comme la Finlande, appartient à la zone Euro.

Tout cela donne lieu à des tensions politiques : la coalition au pouvoir a ainsi failli éclaté, en raison de désaccords au sujet d’une réforme ambitieuse du système de santé. Et quelques parlementaires de la majorté sont allé jusqu’à demander une sortie de la zone euro pour que la Finlande puisse retrouver plus de marges de manoeuvres en dévaluant sa monnaie pour relancer ses exportations.

Dans ce contexte, les promesses de revoir à la hausse le budget de la Défense ont été reportées aux calendes grecques. Pourtant, l’effort finlandais en matière de défense n’a cessé d’être revu à la baisse depuis 10 ans. Et pourtant, cela n’a pas empêché la Finlande de perdre son « triple A » et de connaître le marasme écononique dans lequel elle se débat aujourd’hui.

En 2016, les forces armées finlandaises ne disposeront pas des crédits supplémentaires qu’elles pouvaient espérer. Pire : elles devront trouver entre 80 et 100 millions d’euros d’économies, susceptibles d’être ensuite réinvestis dans l’acquisition de nouveaux matériels.

Pourtant, le gouvernement finlandais a donné son feu vert, fin octobre, au programme H-X, qui, jugé « crucial et stratégique », vise à remplacer les avions de combat F/A-18 Hornet des forces aériennes finlandaises à l’horizon 2025-2030. Un appel d’offres sera lancé – en principe – en 2018/2019. Mais dans quel état sera l’économie finlandaise?

Déjà, le ministère finlandais de la Défense a annoncé, le 10 novembre, l’abandon de son projet d’acquérir de nouveaux avions d’entraînement, officiellement parce qu’il n’était pas « une option suffisamment efficiente en termes de coûts ».

Le souhait de la force aérienne finlandaise était de remplacer ses 28 avions de facture locale L-70 Vinka, utilisés depuis les années 1970 pour la formation initiale de ses jeunes pilotes, qui poursuivront ensuite leur entraînement sur Hawk 50. Pour cela, il lui fallait trouver un appareil simple et bon marché, tant à l’achat qu’à l’utilisation.

Six constructeurs furent contactés, dont Pilatus (Suisse), Grob (Allemagne), Pacific Aerospace (Nouvelle-Zélande, avec le CT-4 Airtrainer), Beechcraft (États-Unis), Korea Aerospace Industries (Corée du Sud) et Zlin Aircraft (République tchèque).

Seulement, au vu des exigences finlandaises en termes de coûts, seuls Zlin Aircraft et Grob restèrent dans la course. Mais là encore, l’offre du constructeur allemand, basée sur le Grob 120, a donc été finalement écarté, car trop onéreuse.

« Le Grob est un grand avion qui répond à toutes nos exigences et les dépasse même. Cependant, il est tellement cher que le budget prévu serait insuffisant pour en acheter en nombre suffisant », a expliqué le général Kari Renko.

Le Z-242 de Zlin aurait pu donc faire l’affaire. Mais il a été aussi écarté pour une raison assez suprenante : l’habitacle de cet avion serait trop exigu pour les élèves pilotes finlandais. « Ils ne seraient pas entrés dans l’avion. Il est trop petit », a expliqué le général Renko au quotidien Helsingin Sanomat.

Du coup, les L-70 devront rester en service pendant un ou deux ans de plus, le temps pour la Force aérienne finlandaise de trouver une solution. Mais au vu des difficultés financières du pays, ce n’est pas gagné… À moins d’en passer par une coopération avec un autre pays de l’Union européenne.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]