Le chef d’état-major de la Marine souhaite un second porte-avions

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Si, comme a coutume de le répéter l’amiral Bernard Rogel, le chef d’état-major de la Marine nationale (CEMM), la France reste en Europe, dans le domaine naval, un « îlot de verdure dans une zone de désertification », elle le doit en particulier au Charles-de-Gaulle, son unique porte-avions.

« On essaie d’agréger la puissance maritime européenne autour de ce symbole qu’est le porte-avions », a-t-il dit aux sénateurs de la commission des Affaires étrangères et de la Défense, en commentant le prochain déploiement du Charles-de-Gaulle, dont le groupe aéronaval intégrera des frégates belge et britannique.

Par la suite, dans ses réponses aux sénateurs, l’amiral Rogel s’est attaché à démontrer l’utilité, pour la marine française de disposer d’un porte-avions.

« J’observe que ce bâtiment est le dernier de ce type en Europe, au moment où la Chine va en construire quatre, l’Inde également; où les États-Unis en ont onze qu’ils renouvellent; où les Britanniques en construisent deux », a ainsi fait remarquer le CEMM.

« Le savoir-faire de notre groupe aéronaval agit, dans ce contexte, comme un pôle d’attraction des marines occidentales et notamment européennes. Pourquoi les Français baisseraient-ils la garde précisément à cet instant? », a ensuite demandé l’amiral Rogel. « Il y a là quelque chose que je ne comprends pas très bien, alors que nous avons réussi à nous maintenir parmi les meilleurs au monde jusque-là! », a-t-il ajouté.

S’agissant des coûts liés au déploiement du groupe aéronaval, l’amiral Rogel les a relativisés. « Nous émargeons très peu au surcoût des OPEX » dans la mesure où, « en moyenne annualisée, la marine met 5.000 marins en permanece à la mer », a-t-il fait valoir. Or, a-t-il poursuivi, « ces 5.000 marins en opérations – qui incluent donc les déploiements du porte-avions – émargent pour moins de 100 millions d’euros sur le 1,2 milliards d’euros affecté aux OPEX. La proportion parle d’elle-même. »

Sur le plan stratégique, l’amiral Rogel ne veut pas que l’on « soit frappé du syndrome du poisson rouge, qui fait un tour de bocal, puis oublie! ». Et de rappeler que le porte-avions a été régulièrement utilisé (notamment quand la France en avait deux, à savoir le Foch et le Clémenceau) au large des Balkans ou du Liban.

Le porte-avions « a fait la démonstration que lorsqu’on ne peut arriver par les airs ou par la terre, on peut arriver par la mer. En Afghanistan, c’est le porte-avions français qui est arrivé le premier sur zone! Il ne faut pas lui faire de mauvais procès », a plaidé le CEMM. « Militairement, l’intérêt du porte-avions est évident. Sa possession est une question politique, et pas seulement militaire », a-t-il continué.

Mais l’avenir inquiète l’amiral Rogel. « Il existe des situations où seul le porte-avions pourra agir, faute de pays alliés suffisamment proches ou d’accords suffisamment rapide pour y stationner des avions. (…) Il est un outil complémentaire de l’armée de l’Air, avec laquelle nous sommes aujourd’hui très proches. Simplmeent, nous avons besoin d’un outil de défense global pour tenur le rang d’une puissance mondiale. C’est le cas aujourd’hui », a-t-il affirmé.

« La question qu’il vous revient de trancher, a continué le CEMM à l’adresse des sénateurs, est de savoir si on doit garder ou non toutes les composantes qui font que cet outil est global ».

Alors qu’un sénateur lui a demandé son souhait – s’il n’en avait qu’un – pour améliorer le budget de la Marine, l’amiral Rogel a été direct : « je répondrais (…) par un seul voeu : un second porte-avions! ».

Ce second porte-avions (le PA2) est devenu, au fil du temps, un serpent de mer. En 2001, et alors qu’un rapport du sénateur André Boyer, l’avait estimé plus que nécessaire, la Loi de programmation militaire (LPM) 2003-2008, élaborée en période de cohabitation, le renvoya à plus tard.

En 2007, alors candidat à l’Élysée, Nicolas Sarkozy avait affirmé que le PA2 était une « évidence opérationnelle et politique ». Mais cette « évidence » n’était pas une urgence pour la LPM 2009-2013, pas plus qu’elle ne l’est pour la LPM en cours d’exécution. Et cela, en raison des contraintes budgétaires. « Quand on veut faire quelque chose, on trouve les moyens. Quand on ne veut pas, on trouve des excuses », disait le général Patton.

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