Dissuasion : Trois rendez-vous importants pour la Marine nationale en 2016
Lors de son audition par la commission sénatoriale des Affaires étrangères et de la Défense, le délégué général pour l’armement (DGA), Laurent Collet-Billon, a évoqué à plusieurs reprises les travaux en cours en matière de dissuasion nucléaire.
Ainsi, l’un des chantiers importants consiste à modifier les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) de la classe Triomphant pour leur permettre d’emporter des missiles nucléaires stratégiques M51.
Le premier bâtiment qui a donné son nom à cette classe a donc été transformé à cette fin à l’occasion d’une Indisponibilité Périodique pour Entretien et Réparation (IPER/Adaptation). Normalement, il pourra reprendre ses patrouilles en 2016, avec des missiles M51.2.
Mais avant, le Triomphant devra passer un dernier test, qui « consistera à lancer un missile (…) de manière à le qualifier et à permettre son retour dans le cycle opérationnel. Tout ceci doit avoir lieu dans le courant du premier semestre 2016 », a expliqué M. Collet-Billon.
Ce test sera en fait le second car il est également prévu un essai de maquettes « Jonas » instrumentées échelle 1 du M51 au début de l’année prochaine. Il s’agira, a expliqué le DGA, « d’améliorer notre connaissance des phénomènes hydrodynamiques lors de l’éjection du missile du bateau. »
Toujours au sujet des missiles balistiques emportés par les SNLE, le DGA a rappelé que la version M51.2 « emporte des têtes nucléaires dites ‘océaniques’, qui autorisent la grande portée, ce qui n’était pas le cas des têtes du [missile] M45. »
« La 3e génération, qui doit voir le jour à l’horizon 2025, vise à maintenir les capacités de notre composante océanique face aux défenses antimissiles les plus sévères; ceci nous amène à également revoir la partie haute. Ce faisant cela génère une charge de travail supplémentaire pour les industriels de la propulsion », a expliqué M. Collet-Billon. « Notre souci est de les alimenter en permanence. On a donc prévu de rénover un étage du M51 tous les dix ans. On est là sur des flux extrêmement tendus en termes de production sur mesure », a-t-il précisé.
Enfin, relativement peu connue par rapport aux autres composantes de la dissuasion nucléaire française, la Force Aéronavale Nucléaire (FANu) aura à effectuer, également en 2016, un tir d’entraînement du missile ASMP-A (air-sol moyenne portée / amélioré), « à partir d’un Rafale catapulté du porte-avions en Méditerranée, avec ravitaillement en vol, etc », a indiqué M. Collet-Billon. « C’est une très grosse opération à monter », a-t-il dit aux sénateurs.
La France est le seul pays à disposer d’une force comme la FANu. Cette dernière n’a pas d’avions ni de pilotes qui lui sont propres.
« Pour les marins du groupe aéronaval et du groupe aérien embarqué, mettre en œuvre la FANu fait partie du spectre de leurs missions et de leurs savoir-faire. La capacité de la FANu repose sur la capacité d’emport du missile nucléaire ASMP/A (air-sol moyenne portée/ amélioré) par le Rafale au standard F3 », expliquait, en 2014, l’amiral Philippe Coindreau, l’ex-commandant la Force d’action navale.