Mer de Chine : Les États-Unis et l’Australie envoient des signaux contradictoires à Pékin

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Carrefour de voies commerciales maritimes et zone supposées receler d’importantes réserves en hydrocarbures, la mer de Chine méridionale fait l’objet de tensions entre Pékin, qui en revendique la souveraineté sur sa quasi-totalité, et ses voisins.

Sans attendre un arbitrage qui trancherait ce différend territorial, les autorités chinoises y aménagent, en particulier dans l’archipel des Spratleys, des îlots artificiels à des fins militaires. Et cela laisse craindre aux autres pays de la région (Vietnam, les Philippines, Bruneï, Taïwan et la Malaisie) d’être mis devant le fait accompli.

D’où la patrouille, la semaine passée, du destroyer américain USS Lassen, à moins de 12 milles de ces îles artificielles, afin de faire comprendre à Pékin que la liberté de navigation n’est pas négociable dans ce secteur. En réaction, la Chine a dénoncé une « incursion illégale » et une « menace » pour sa « souveraineté » et ses « intérêts sécuritaires ».

En déplacement à Pékin, ce 3 novembre, l’amiral Harry Harris, chef des forces américaines dans la Pacifique, a enfoncé le clou. « Notre armée continuera de voler, de naviguer et d’opérer partout où le droit international nous y autorise. La mer de Chine méridionale n’est pas et ne sera pas une exception », a-t-il affirmé. « Les eaux internationales et l’espace aérien international appartiennent à tout le monde et ne peuvent être sous la domination d’une quelconque nation », a-t-il ajouté.

Avec ces déclarations, l’amiral Harris n’a fait que reprendre la position qu’a encore affirmée John Kerry, le secrétaire d’État américian, le 13 octobre dernier, dans le cadre d’entretiens annuels diplomatiques et militaires entre les Etats-Unis et l’Australie.

La diplomatie australienne était alors sur la même longueur d’onde, quand Julie Bishop, Mme le ministre australien des Affaires étrangères, a « exhorté toutes les parties (impliquées dans les contentieux en mer de Chine) à ne pas agir de manière unilatérale, d’une manière qui fasse monter les tensions ».

« Il y a clairement des tensions autour des îles de mer de Chine méridionale, des récifs, des hauts-fonds. Et la Chine serait mieux inspirée, et franchement dans son propre intérêt, de ne pas pousser le bouchon trop loin là-bas », avait d’ailleurs déclaré le nouveau Premier ministre australien, Malcolm Turnbull, quelques jours plus tôt.

Seulement, il y a les paroles et les actes… Et la Royal Australian Navy (RAN) participe actuellement à des manoeuvres navales – avec des tirs réels – avec son homologue chinoise, justement dans les zones faisant l’objet d’un contentieux territorial. Cela ne manque pas de soulever quelques interrogations dans la presse australienne…

Des interrogations, rapporte Radio Australia, « balayées » par le ministre australien de la Défense, Mark Binslin. « Ça entre dans le cadre des relations que nous entretenons avec de nombreuses marines de la région pour développer nos forces de défense. On ne devrait pas y accorder plus d’importance que ça n’en a réellement », a-t-il affirmé.

Cependant, ce n’est pas ces exercices navals qui posent problème mais le moment où elles ont lieu.

« La question, c’est le moment choisi et si cela n’envoie pas des signaux contradictoires, alors que les États-Unis viennent de lancer leurs opérations de liberté de navigation en mer de Chine méridionale », a ainsi résumé Euan Graham, chercheur à l’Institut Lowy. « C’est vraiment le symbole qui est important, et dans le système chinois, il y a une tendance à utiliser les médias publics à des fins de propagande. Et vu le calendrier, c’est leur donner une occasion en or de le faire », a-t-il ajouté.

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