La préparation opérationnelle des forces n’est « pas négociable », prévient le général de Villiers

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L’opération intérieure (OPINT) Sentinelle, lancée après les attentats commis en janvier à Paris, va s’inscrire dans la durée, avec un effectif de 7.000 hommes, pouvant monter jusqu’à 10.000 en cas de besoin.

Or, selon le général de Villiers, le chef d’état-major des armées (CEMA), qui s’est exprimé devant la commission « Défense » de l’Assemblée nationale, le « volume des forces engagées sur le territoire national restera une source de fragilité » car « tant que les manœuvres de recrutement et de formation de l’armée de Terre ne seront pas terminées, c’est-à-dire d’ici à la fin de l’année 2016 ou au début de l’année 2017, des renoncements perdureront pour garantir les effectifs de Sentinelle ».

Aussi, les forces armées vivent sur leur acquis. « Mon devoir est de vous dire que nous vivons actuellement sur le capital opérationnel que nous avons construit ces dernières années », a lancé le CEMA aux députés.

« Nous pouvons encore nous le permettre, mais sans une force terrestre comptant 77 000 soldats, notre capacité opérationnelle s’effriterait inexorablement », a-t-il ajouté, en faisant référence à l’actualisation de la Loi de programmation militaire (LPM) 2014-2019, laquelle prévoit une moindre déflation des effectifs du ministère de la Défense, en faveur notamment de la Force opérationnelle terrestre (FOT) de l’armée de Terre.

Pour le général de Villiers, la décision de sauvegarder ces postes était « indispensable ». Et d’insister : « Cet effort en effectif, caractéristique forte de l’année 2016, est plus qu’un objectif : c’est impératif ».

Et pour cause. Comme l’a souligné le député François Lamy, dans son avis concernant les crédits destinés à l’armée de Terre pour 2016, l’opération Sentinelle a mis à mal la préparation opérationnelle des forces, cette dernière ayant servi de « variable d’ajustement », 70% des rotations prévues dans les centres d’entraînement spécifiques ayant été annulées cette année.

L’une des conséquences de Sentinelle est donc une réduction importante du nombre de jours de préparation opérationnelle (JPO) jusqu’en 2017, la moyenne devant être, selon les unités, de 51 à 64 jours par an alors qu’elle avait été fixée à 90 par la LPM 2014-2019 avant son actualisation.

D’où l’importance de la remontée en puissance de la FOT en terme d’effectifs. « Je rappelle que le soldat qui est actuellement engagé dans Sentinelle est le même que celui qui, demain, partira au Sahel combattre au sein de la force Barkhane », a dit le général de Villiers aux députés. « Sa préparation opérationnelle, autrement dit son entraînement, n’est donc pas négociable, sauf à le mettre en danger, et il s’agirait d’un danger de mort », a-t-il souligné.

D’où sa détermination à ne faire « aucune preuve de souplesse » sur le budget, notamment face aux manoeuvres habituelles en fin de gestion qui viennent ponctionner les crédits de la Défense.

« Au quotidien, sur l’ensemble du territoire, dans une discrétion et avec une abnégation qui les honorent, nos soldats veillent sur vous, sur les Français. Ils méritent notre reconnaissance et notre attention; ils méritent, au minimum, d’avoir les moyens de leurs missions », a fait valoir le général de Villiers.

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