Des fusiliers de l’Air manquent pour assurer la protection de ses bases aériennes

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L’actualisation de la Loi de programmation militaire (LPM) 2014-2019 prévoit une moindre déflation des effectifs par rapport à ce qui avait été initialement envisagé. Si la Force opérationnelle terrestre (FOT) de l’armée de Terre en sera la principale bénéficiaire avec 11.000 postes de plus, d’autres composantes relevant du contrat « protection » seront aussi concernées par une augmentation du nombre de leurs personnels.

Ainsi en sera-t-il des fusiliers et commandos de l’Air, qui assurent la protection des bases aériennes et des points sensibles. Et pour cause!

Dans son avis rendu au sujet des crédits alloués à l’armée de l’Air pour l’année 2016, le député Christophe Guilloteau souligne que les aviateurs, outre leurs missions dédiées à la posture permanente de sûreté aérienne et à la dissuasion, sont aussi sollicités pour les plan Vigipirate et Cuirasse (ndlr, protection des sites de la défense).

« La contribution globale de l’armée de l’Air aux missions de protection du territoire national doit être analysée à l’aune du contexte de fortes réductions des effectifs d’aviateurs des dernières années », écrit le député.

Pour rappel, depuis 2008, l’armée de l’Air a perdu environ un quart de ses effectifs dans le cadre des restructurations qui ont frappé le ministère de la Défense. Et ce n’est pas sans conséquence sur certaines spécialités, comme celle des fusiliers et commandos de l’Air.

Ces derniers sont en effet en sous-effectif. « C’est pourquoi 16 des 20 escadrons de protection des bases aériennes travaillent aujourd’hui sous régime dérogatoire avec des renforts de personnels non spécialistes », explique M. Guilloteau, pour qui ce « palliatif a des limites », étant donnés que les « personnels de renfort sont limités aux missions de surveillance, la mission d’intervention nécessitant un savoir-faire spécifique aux spécialistes de la protection ».

Qui plus est, la contribution des aviateurs à l’opération intérieure (OPINT) Sentinelle n’a évidemment pas arrangé la situation car pour l’état-major de l’armée de l’Air, rapporte le député, cette mission « doit être assurée par du personnel formé pour faire face à toutes les menaces sur le territoire national ».

Aussi, dans ces conditions, « l’éventuel renfort en personnel de l’armée de l’Air ne pourrait être constitué de manière réaliste qu’à partir des effectifs de fusiliers commandos, alors même que ceux-ci sont en nombre insuffisant pour assurer leur cœur de métier, notamment la protection des installations de l’armée de l’air », affirme M. Guilloteau.

L’effectif des fusiliers et commandos de l’Air est en déficit de 7% « par rapport au référentiel des effectifs en organisation (REO) de leurs escadrons ». En outre, ils sont aussi très sollicités pour les opérations extérieurs dans la mesure où, avance le parlementaire, ils « constituent 12 % des personnels de l’armée de l’air ‘projetés' ».

Pour faire face à ce déficit en fusiliers et commandos, l’armée de l’Air a tenté d’en traiter les causes, ou du moins une partie d’entre elles, en valorisant cette spécialité et en mettant en place un plan de recrutement dont la mise en oeuvre sera facilitée par l’actualisation de la LPM.

S’agissant de la protection de ses bases aériennes – une priorité pour le général André Lanata, son chef d’état-major (CEMAA) – l’armée de l’Air a pris une série de mesures « organisationnelles », avec, par exemple, la création d’un comité Air de sécurité et de protection ainsi que d’autres en matière de ressources humaines, avec la sensibilisation et la formation de ses personnels.

Pour le général Lanata, a rappelé le député, la protection des bases aériennes doit ainsi « gagner en profondeur » car « on ne peut pas défendre nos bases le dos à la clôture ». Cela passe donc par davantage d’échanges avec la gendarmerie et la Direction de la protection et de la sécurité de la défense (DPSD).

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