Les missiles TOW utilisés par les rebelles mettent les forces syriennes en difficulté

Le sujet étant compliqué, il importe donc de ne pas faire preuve de simplisme. Aussi, dire qu’il n’y a que les jihadistes de l’État islamique (EI ou Daesh) et du Front al-Nosra, la branche syrienne d’al-Qaïda, qui combattent le régime de Bachar el-Assad serait faire un raccourci rapide.

Certes, le Front islamique, qui fédére 7 formations islamistes, voire salafistes, est allié au Front al-Nosra, dont les effectifs sont estimés à 15.000 combattants environ. Mais il n’est qu’une composante de la rébellion syrienne [.pdf], qui est constituée par une myriade de groupes armés, souvent affiliés à l’Armée syrienne libre (ASL) quand ils ne sont pas indépendants.

Ce qui rend les choses confuses est qu’il peut arriver de voir, face à une situation donnée, certains de ces groupes s’allier momentanément avec d’autres (comme al-Nosra) dont ils ne partagent ni les valeurs, ni la vision. En clair, l’adage « les ennemis de mes ennemis sont mes amis » ne marche pas toujours.

Quoi qu’il en soit, le régime syrien n’a pas à distinguer le bon grain de l’ivraie. Sauf, sans doute, avec les milices kurdes des YPG, lesquelles, proches du Parti des travailleurs du Kurdistan turc (PKK), sont épargnées par l’aviation russe, qui mène des opérations en Syrie depuis le 30 septembre.

D’ailleurs, avec ce soutien aérien, les forces syriennes, avec le concours de milices chiites et de conseillers iraniens, ont lancé presque simultanément plusieurs offensives dans le nord, l’ouest, le centre et autour de Damas pour faire reculer les rebelles, quelle que soit leur obédience.

Pour le moment, et d’après les propos d’une source de sécurité syrienne rapportés par l’AFP, les forces de Bachar el-Assad n’ont réussi à progresser que vers le sud d’Alep et au nord de Homs. Et cela, malgré les 500 raids aériens effectués par les bombardiers russes.

Toutefois, pour Al-Walid Sukkarieh, un expert militaire libanais membre du Hezbollah, il ne fallait pas s’attendre à une progression rapide des forces syriennes.

« À peine deux semaines ont passé et l’armée fait face à des groupes armés en pleine force, le faible progrès est donc logique dans cette phase initiale », a-t-il confié à l’AFP. « Nous devons attendre que les frappes russes affaiblissent les groupes (rebelles) et alors nos progrès seront plus rapides », a ajouté M. Sukkarieh.

Cependant, les forces armées syriennes, usées par près de 5 ans de conflit et la perte de la moitié de leurs effectifs, présentent des lacunes importantes, notamment a niveau des matériels. « Le régime n’a pas pris beaucoup de terrain (…) Le flot continuel des blessés graves pourrait rendre ses forces plus vulnérables face à une contre-attaque des rebelles », estime cependant Chris Kozak de l’Institut de l’étude de la guerre.

L’une des raisons pouvant aussi expliquer les difficultés des forces syriennes et de leurs alliés tient en partie à l’équipement sophistiqué des groupes rebelles. Certains d’entre eux ont effet reçu – via probablement la Turquie et l’Arabie saoudite – des missiles antichar TOW (Tubelaunched Optically-tracked Wire-guided), qui, d’origine américaine, ont une portée supérieure à 3.500 mètres.

La semaine passée, un ancien colonel syrien a affirmé que des formations de l’ASL, notamment celle appelée « Fursan al Haq », avaient déployé des TOW sur la ligne de front qui s’étend de Kfar Nabouda à Maan, dans la province de Hama. Avec ces missiles, des dizaines de chars et de blindés auraient ainsi été détruits.

Et, d’après Reuters, les rebelles de la province d’Alep, contre lesquels les forces du régime syrien ont lancé une offensive, le 16 octobre, ont à leur tour déployé des missiles antichars, probablement, là encore, des TOW.

Une semaine plus tôt, citant un responsable saoudien, Frank Gardner, un journaliste de la BBC, avait affirmé que 500 missiles TOW venaient d’être livrés aux rebelles syriens (sans préciser leur affiliation).

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