L’armée pour contrôler la « jungle » des migrants à Calais?

Il est désormais fréquent de voir certains responsables politiques en appeler à l’armée pour tenter d’apporter une réponse à des situations impossibles, comme si la vocation de cette dernière est d’apporter une solution à tout ce qui ne fonctionne pas en France alors qu’elle est déjà sollicitée pour les opérations extérieures et intérieures.

Par exemple, en 2013, une élue marseillaise avait demandé l’intervention de l’armée pour rétablir l’ordre dans certains quartiers de la cité phocéenne, alors affectés par une série de réglements de compte. Avant elle, le maire écologiste de Sevran, avait fait une démarche similaire, en évoquant une « force d’interposition » entre les bandes criminelles et ses administrés.

Maire de Calais, Natacha Bouchart (Les Républicains) est venue s’ajouter à cette liste en évoquant, sur les ondes de RMC, ce 19 octobre, la présence de l’armée pour surveiller la « jungle » de migrants établie sur le territoire de sa ville.

La « jungle » de Calais est une zone où vivent maintenant près de 6.000 migrants, principalement originaires d’Afrique de l’Est, de Syrie et d’Afghanistan,  qui attendent de passer au Royaume-Uni. Cela n’est pas sans créer de fortes tensions, comme par exemple en septembre dernier, quand 200 clandestins soudanais et afghans en sont venus aux mains, en se battant « à coups de barres de fer, de marteaux, de pelles et de frondes », selon le témoignage d’un policier.

Régulièrement, le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, annonce l’envoi de renforts de police et de gendarmerie. Cela a encore été le cas le 4 octobre dernier : 220 CRS et gendarmes mobiles ont été dépêchés à Calais, ce qui porte les effectifs des forces de l’ordre à environ 750 personnels.

Le travail des policiers et des gendarmes est loin d’être facile… D’autant plus que leurs faits et gestes sont regardés de près, comme en témoigne le rapport publié au début du mois par Jacques Toubon, le défenseur des droits. Ce dernier a en effet dénoncé la « persistance des faits de harcèlement » policier et l’usage « fréquent » de gaz lacrymogène.

Quoi qu’il en soit, pour Mme Bouchart, les militaires seraient ainsi les plus aptes à régler la situation. « Il faudrait peut-être un préfet à l’immigration qui n’existe pas et il faudrait peut-être que l’armée vienne pour surveiller ce lieu », a-t-elle ainsi affirmé, évoquant, au sujet de la « jungle », une « ville de 6.000 personnes » où « l’on ne sait pas trop ce qu’il s’y passe ».

Et d’ajouter : « Il ne serait pas inopportun de demander à ce que l’armée puisse venir surveiller, rassurer, peut-être démanteler certains réseaux qui peuvent exister ».

Seulement, une telle mission ne relève pas des forces armées étant donné que la sécurité intérieure reste la prérogative de la police et de la gendarmerie, sous le contrôle de la justice, sauf dans le cadre de mesures de sûreté exceptionnelles.

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