Le ministère de la Défense ne confirme pas la présence de jihadistes français sur les sites frappés en Syrie

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Il aura suffi d’une petite phrase imprudemment prononcée par une « source gouvernementale » en marge de la visite du Premier ministre, Manuel Valls, en Jordanie pour provoquer un petit emballement médiatique.

« Les frappes françaises ont tué des jihadistes (en Syrie, ndlr). Il pourrait y avoir des jihadistes français. Le chiffre de six a été annoncé probablement par une ONG syrienne. A cette heure, nous ne pouvons rien confirmer », ainsi indiqué cette « source gouvernementale », qui a pourtant pris le soin de se montrer très prudente.

L’ONG syrienne dont il s’agit doit être l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), qui dispose d’une vaste réseau d’informateurs en Syrie. Problème : cette dernière a indiqué ne pas être en mesure de confirmer la présence de jihadistes français parmi les combattants de l’État islamique (EI ou Daesh) tués par les dernières frappes effectuées dans la nuit du 8 au 9 octobre dans la région de Raqqa.

 

Il faut dire aussi que, plus tôt, une autre source officielle « bien informée » avait indiqué au Journal du Dimanche, que le camp d’entraînement de l’EI à Raqqa visé par les Rafale formaient des jihadistes français « pour faire partie, une fois de retour en France, d’une cinquième colonne capable de frapper notre pays ».

Mais le ministère de la Défense n’a pas tardé de réagir. « La France a bombardé un camp d’entraînement djihadiste de Daesh. Nous savons que ce camp visait à former des combattants destinés à venir s’attaquer à l’Europe et à la France », a-t-il indiqué. « Parmi eux pouvaient se trouver des Français ou francophones. A ce stade, nous ne pouvons confirmer aucun élément précis relatif à ce bombardement », a-t-il ajouté.

Quoi qu’il en soit, pour M. Valls, qui doit rencontrer, ce 12 octobre, le détachement de l’armée de l’Air basé en Jordanie dans le cadre de l’opération Chammal, la question de savoir si des jihadistes français ont été tués ou non lors du dernier raid effectué en Syrie importe peu.

« La France a décidé de frapper Daesh au nom de la légitime défense puisque Daesh prépare depuis la Syrie des attentats contre la France », a-il rappelé. Aussi, « nous frappons Daesh et tous ceux qui, au sein de Daesh, quelles que soient leurs origines ou leurs nationalités, ont décidé de frapper la France et donc de frapper leur propre pays », a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse.

« Au nom de la légitime défense, c’est une obligation de frapper Daech et nous continuerons, quelle que soit la nationalité de ceux qui sont dans ces centres qui préparent des attentats […] Tous ceux qui rejoignent ces camps, tous ceux qui rejoignent Daesh doivent savoir qu’ils peuvent demain être frappés », a encore insisté le chef du gouvernement.

Cela étant, cette question n’est pas nouvelle : par le passé, des ressortissants français avaient rejoint al-Qaïda en Afghanistan. Plus récemment, elle s’était posée à l’occasion de l’opération Serval, lancée en janvier 2013 contre les groupes jihadistes qui occupaient alors le nord du Mali.

Or, la réponse n’est pas forcément simple. Comment considérer ces jihadistes français? Comme des traîtres étant donné que « le fait, en temps de guerre, par tout Français ou tout militaire au service de la France, de porter les armes contre la France constitue un acte de trahison puni de la réclusion criminelle à perpétuité et de 750 000 euros d’amende », comme le précise l’article L331-2e du Code de justice militaire? Ou comme des criminels devant être jugés pour des faits de terrorisme en leur appliquant ce qu’est prévu par le Code pénal?

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