Trois jours de deuil national en Turquie après l’attentat commis à Ankara

Le gouvernement turc a décrété 3 jours de deuil national peu après l’attentat commis le 10 octobre contre un rassemblement « pour la paix », organisé par le Parti démocratique des peuples (HDP), une formation politique pro-kurde ainsi que par plusieurs organisations de gauche.

Deux explosions ont eu lieu peu après 10 heures devant la gare centrale d’Ankara où des milliers de manifestants affluaient pour dénoncer la reprise des hostilités entre Ankara et les rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Le dernier bilan établi dans la soirée fait état d’au moins 95 tués et de 246 blessés, dont certains sont dans un état critique. Il s’agit de l’attentat le plus meurtrier de l’histoire de la Turquie.

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a dénoncé une « attaque haineuse contre notre unité et la paix de notre pays » et promis « la réponse la plus forte ».

« Quels que soient leur origine, leur explication, leur but ou leur nom, nous dénonçons tous les actes de terrorisme et toutes les organisations terroristes et nous devons nous réunir pour nous y opposer », a-t-il poursuivi.

« Comme tous les autres actes terroristes, l’attaque contre la gare d’Ankara vise notre unité, notre fraternité et notre avenir », a ajouté M. Erdogan, avant d’assurer que les auteurs « seraient retrouvés au plus vite et livrés à la justice ».

De son côté, le Premier ministre turc, Ahmet Davutoglu, a affirmé disposer de « fortes preuves » pour avancer que l’attentat a été commis par « deux kamikazes ». Et de désigner trois responsables possibles : l’État islamique (EI), le PKK et la formation d’extrême-gauche « Parti/Front révolutionnaire de libération du peuple » (DHKP-C).

Seulement, cela est loin de convaincre l’opposition turque… Ainsi, le HDP a clairement mis en cause le gouvernement en  place. « Nous sommes confrontés à un Etat meurtrier qui s’est transformé en mafia », a déclaré son chef, Selahattin Demirtas.

L’opposition turque pointe surtout le fait que le rassemblement organisé devant la gare centrale d’Ankara ait manqué de protection et que l’attentat a été commis au coeur de la capitale malgré les mesures de sécurité prises eu égard au contexte actuel dans la région.

Mis en cause par le quotidien gouvernemental Sabah, le PKK a répondu via une déclaration envoyée à l’AFP dans laquelle il affirme que « ce massacre doit être compris comme une conspiration du gouvernement pour rester au pouvoir ».

En outre, le même jour, les rebelles du PKK ont annoncé la suspension de leurs opérations contre les forces de sécurité turques, commencées en juillet, après l’attentat commis à Suruç contre, là aussi, un rassemblement du HDP (32 tués).

Cet acte terroriste, non encore revendiqué officiellement, avait été attribué à l’État islamique par Ankara. Et il fut à l’origine d’un changement d’attitude de la Turquie à l’égard de l’organisation jihadiste mais aussi de la reprise des raids aériens contre le PKK.

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