Méditerranée/Migrants : Une résolution de l’ONU donne une légitimité accrue à l’opération européenne Sophia

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Le 7 octobre, l’opération Eunavfor Med « Sophia », lancée par l’Union européenne en juin dernier pour lutter contre les passeurs de migrants en Méditerranée, est officiellement entrée dans sa phase 2, la première ayant consisté à recueillir des renseignements sur les réseaux des trafiquants qui opérent essentiellement depuis les côtes libyennes.

Désormais, les forces navales européennes engagées dans cette opération ont l’autorisation d’arraisonner, au besoin par la force, tout navire suspect et d’interpeller les passeurs dans les eaux internationales. Et cela, dans la limite du droit de la mer, lequel interdit d’intervenir contre un navire sans en avoir obtenu préalablement l’autorisation du pays dont relève son pavillon.

Techniquement, il n’y avait pas besoin d’un feu vert des Nations unies pour lancer la phase 2 de l’opération Sophia. Pour autant, afin de donner une légitimité accrue à cette dernière, le Royaume-Uni a soumis un projet de résolution au Conseil de sécurité.

Le texte, en débat depuis plusieurs semaines, a fini par être adopté le 9 octobre, par 14 voix pour et une abstention (le Venezuela). Initialement, la Russie y était plutôt hostile, de même que l’Angola, le Nigeria, le Tchad et le Venezuela.

Cette résolution 2240, placée sous chapitre 7 (recours à la force) ne permet pas aux forces navales européennes d’intervenir dans les eaux territoriales libyennes (ce que la Russie n’aurait pas accepté). Quant aux trois pays africains, leurs réticences auraient été levées grâce à une lettre du gouvernement libyen reconnu par la communauté internationale et dans laquelle il faisait part de son soutien à ce texte tant qu’il n’autorise pas d’intervention dans les eaux territoriales de la Libye.

Seul le Venezuela a continué à exprimer son opposition sans pour autant aller jusqu’à voter contre cette résolution. Pour l’ambassadeur vénézuélien auprès des Nations unies, Rafael Ramirez, l’opération européenne est « disproportionnée » et « établit un précédent dangereux ». Et d’estimer que « ce n’est pas en bâtissant des murs ou par une action militaire qu’on résoudra ce grave problème ».

Par ailleurs, le 8 octobre, l’amiral italien Enrico Credendino, le commandant de l’opération Sophia, a livré quelques précisions sur les modes d’action des passeurs, lors d’une audition devant une commission parlementaire.

Ainsi, il a fait part d’une « certaine rivalité » entre les différents réseaux de trafiquants. « Il y a eu des attaques de bandes rivales à l’encontre de migrants, qui ont été forcés à revenir à terre pour se voir demander plus d’argent », a-t-il expliqué. D’où la raison pour laquelle des passeurs escortent les embarcations de migrants jusqu’en haute mer.

« C’est là que nous intervenons », a dit l’amiral Credendino. Mais, a-t-il relativé, comme les trafiquants savent s’adapter, « on ne réussira pas à arrêter des passeurs en haute mer très souvent » car « à un certain moment, ils arrêteront de sortir en haute mer ».

En outre, avec le manque d’embarcation, le chef de l’opération Sophia a indiqué que les passeurs ont désormais de plus en plus recours à des canots pneumatiques « de mauvaise qualité » fabriqués en Chine.

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