Deux députés plaident en faveur d’un successeur français pour le Famas

famas-20141103

Le député Philippe Meunier, élu du Rhône (Les Républicains), a de la suite dans les idées. En juin 2014, il avait interpellé le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, sur le fait que le successeur du fusil d’assaut actuellement en dotation au sein des forces françaises – le Famas – allait être fourni par un armurier étranger étant donné les conditions requises pour répondre à l’appel d’offres portant sur une commande totale de 90.000 « armes individuelles du futur » (AIF) excluent de facto les rares entreprises de l’Hexagone qui auraient eu l’intention d’y participer.

En effet, la Direction générale de l’armement (DGA) a précisé que seuls les candidats ayant un chiffre d’affaires supérieur ou égal à 80 millions d’euros depuis plus de 3 ans seraient autorisés à soumettre une offre. L’idée est de s’assurer ainsi que le fournisseur retenu a les reins assez solides pour honorer cette commande de fusils d’assaut dans la durée.

Fabricant de fusils de chasse depuis 1650, l’entreprise française Verney-Caron, installée à Saint-Étienne, aurait souhaité participé à cet appel d’offres. Mais son chiffre d’affaires, qui est d’environ 12 millions d’euros, ne le lui a donc pas permis de le faire.

Aussi, Philippe Meunier est revenu à la charge, avec son collègue Jean-Jacques Candelier (PCF). Dans une lettre adressée au ministre de la Défense, les deux parlementaires ont plaidé pour l’achat d’un fusil d’assaut d’origine française.

« Nous comptons sur votre sens de l’État pour revenir sur votre décision d’acheter un fusil d’assaut étranger afin de consolider notre filière nationale de l’armement terrestre du ‘petit ou gros calibre' », ont écrit les deux députés, qui estiment inacceptable le fait  que « tout ait été mis en oeuvre dans la procédure d’appel d’offres pour exclure, de fait, toute solution nationale ».

« Aussi loin que remonte l’histoire de nos armées, le fantassin français a toujours été équipé d’une arme fabriquée sur notre sol », ont encore fait valoir MM. Meunier et Candelier, pour qui « aujourd’hui, la France, capable de fabriquer des avions de combat, des frégates et des canons, a la ressource industrielle pour concevoir et fabriquer le successeur du Famas ».

Seulement, la Manufacture d’armes de Saint-Étienne, qui a produit le FAMAS, a fermé définitivement ses portes. Seul Thales propose le fusil d’assaut F-90, déjà entré en service au sein des forces australiennes.

Cela étant, l’appel d’offres lancé par la DGA obéit aux règles européennes en matière d’acquisition d’armes et munitions, lesquelles ont fait l’objet d’une directive élaborée en 2009 et transposée dans le droit français par le décret n° 2011-1104 du 14 septembre 2011.

Toutefois, ce contrat portant sur le successeur du FAMAS pourrait profiter à une PME française dans le cas où il serait attribué à l’italien Beretta, qui propose sont fusil ARX-160. Si les armes seront, le cas échéant fabriquées en Italie, leur maintenance serait en effet confiée à l’entreprise Humbert, implantée dans la Loire.

Quoi qu’il en soit, le ministre de la Défense devrait faire une réponse similaire à celle que M. Meunier avait entendu en juin 2014, lors d’une séance de questions d’actualité à l’Assemblée nationale.

« Les entreprises françaises capables de produire directement ce type d’armement il y a une quinzaine d’années ne le font plus ou ont été fermées. Il n’y a plus en France ce type d’activités », avait avancé M. Le Drian, après avoir rappelé qu’il était tenu de lancer un appel d’offres pour respecter la réglementation en vigueur.  Et d’ajouter : Mais « je suis très ouvert à ce que des entreprises françaises répondent d’une manière ou d’une autre à cet appel d’offres, et je les incite fortement à le faire. »

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]