L’opération européenne visant à lutter les passeurs de migrants est entrée dans sa phase 2

courbet-20151007Sophia, qui veut dire « sagesse » grec… Ce nom peut paraître saugrenu pour une opération militaire qui prévoit l’usage de la force pour contraindre les passeurs de migrants qui opèrent depuis les côtes libyennes, voire égyptienne.

En tout cas, c’est celui qui a été rétenu par l’Union européenne pour l’opération EUNAVFOR MED, lancée en juin dernier pour casser le modèle économique des passeurs de migrants en Méditerranée. Ce nom avait été suggéré par Federica Mogherini, Mme le Haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, en référence à celui d’une petite fille d’origine somalienne née à bord d’une frégate allemande qui venait de porter secours à ses parents.

Quoi qu’il en soit, et comme l’avait annoncé Mme Mogherini, la seconde phase de l’opération Sophia a débuté ce 7 octobre, soit près de quatre mois après son lancement.

Pour rappel, la première phase de cette opération avait consisté à recueillir des renseignements sur les réseaux de passeurs. La troisième, qui nécessite une résolution des Nations unies, prévoit une intervention dans les eaux et le littoral libyens. Mais on en est encore loin.

Concrétement, la phase 2 de l’opération Sophia autorise le recours à la force pour arraisonner les embarcations suspectes et interpeller, le cas échéant, les trafiquants, lesquels seront remis à la justice italienne. Mais cela uniquement dans les eaux internationales, en face de la Libye. En clair, il est interdit de s’approcher à moins de 12 milles des côtes libyennes.

En outre, l’usage de la force devrait être limité dans la mesure où les passeurs sont considérés comme des criminels et non comme des ennemis. Il s’agira donc plus d’une opération de police menée par des militaires.

Pour le moment, l’opération européenne s’appuie sur le porte-aéronefs italien Cavour, la frégate Schleswig-Holstein ainsi le bâtiment de soutien Werra – tous les deux fournis par la Deutsche Marine – le navire de recherche britannique HMS Enterprise et la frégate espagnole Canarias.

La Marine nationale est aussi engagée dans cette mission avec la frégate légère furtive « Courbet » et un avion de surveillance maritime Falcon 50.

D’autres navires sont attendus sur zone, dont la corvette slovène Triglav 11 et les frégates HMS Richmond (Royal Navy) et Leopold Ier (Belgique). Au total, le dispositif comptera 1.318 militaires.

Pour intercepter certains passeurs qui escortent, avec des bateaux rapides, les embarcations pleines de migrants jusqu’à ce que ces dernières soient pris en charge par les secours, une dizaine de secteurs de patrouille ont été définis au large de la Libye, ce qui permet de verrouiller une surface allant de Syrte jusqu’à la frontière tunisienne. Une zone a toutefois été laissée ouverte en face de Tripoli, afin de ne pas imposer de facto un blocus maritime.

Cependant, les trafiquants ont d’autres modes d’actions contre lesquels la phase 2 de l’opération Sophia ne permettra pas de répondre.

« Aujourd’hui, ils [les passeurs] ont globalement un mode d’action assez simple (…) qui consiste à charger une embarcation en bois, une embarcation pneumatique d’un maximum de migrants. (…) Ils les font partir de la plage simplement avec leurs propres moyens de propulsion. Leur objectif, c’est de partir à une heure adaptée de manière à ce qu’ils puissent déclencher une opération de secours en mer au petit matin, et avec une quantité de carburant, d’eau et de nourriture, qui ne permettent pas à ces migrants de rejoindre une quelconque côte en Europe par leurs propres moyens », a expliqué, à RFI, l’amiral Hervé Bléjean, le commandant adjoint de cette force navale européenne.

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